Bacchantes, huis-clos oppressant braquage de grands crus
On aimerait être la petite souris dans cette histoire, car dans Bacchantes de nombreuses parts d’ombres ne sont pas toutes dévoilées par l’auteur. Céline Minard aime les huis-clos et les intrigues oppressantes. Elle y excelle ici.
In vino veritas
Pour la brigade d’intervention, la plus importante est « comment ». Pour Jackie et pour le négociateur, c’est « qui ». Pour Ethan Coetzer, c’est « pourquoi ». Mais pour tous, elles sont intimement liées.
Ethan Coetzer dirige l’entreprise qu’il a créée avec succès à Hong Kong. Il gère la cave la plus fournie au monde, la plus sécurisée. Cette cave est formée d’une multitude de bunkers militaires qui renferment des millions de bouteilles de vin de très grandes valeurs. C’est une fierté pour lui et elle va être mise à très rude épreuve. Le château de carte de sa notoriété mondiale risque de s’effondrer.
Malheureusement ce n’est pas le violent typhon qui menace la ville qui risque de faire vibrer une seule de ses bouteilles mais plutôt trois braqueurs qui viennent de s’infiltrer dans sa cave. Ce qui n’aurait jamais dû arriver devient son pire cauchemar et chose étonnante, ce sont trois femmes qui en plus de s’être introduite le nargue honteusement.
Une bouteille de Romanée Conti 1969 vient d’être déposée vide devant la porte !
Les cambrioleuses usent des réseaux sociaux pour avertir de leurs méfaits. Et désormais la police tente de négocier avec elles sous les feux des projecteurs de toutes les télévisions du pays.
Bacchantes offre un scénario qui donne envie d’ouvrir une bonne bouteille afin de profiter du spectacle. Car oui nous sommes en plein représentation, il est très facile de s’imaginer dans une salle de cinéma et de voir trois nanas déjantées se payer la tête des puissants. Qu’ils soient riches ou policiers, elles les ont attrapés dans leur nasse. C’est bien David contre Goliath et on a du mal à imaginer la fin heureuse de cette histoire jusqu’au bout. Elles nous font languir de leur scénario sacrément ficelé et de leur féminité qui n’a d’égal que leur insolence.
Bacchantes est un court roman qui joue avec les codes et c’est une vraie réussite !
Xavier de La Verrie
Celine Minard, Bacchantes, Rivages, Poche, août 2020, 112 pages, 6,50 eur