Urbex sed lex de Christian Guillerme, l’escape game de l’horreur

L’urbex pour les nuls

Petite minute culturelle pour les néophytes : l’urbex, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit de l’abréviation de l’anglais « urban exploration » (exploration urbaine), activité consistant à découvrir et visiter des lieux construits puis abandonnés par l’homme, cachés ou même interdits. Parmi ces endroits peuvent figurer des demeures anciennes, usines désaffectées, entrepôts, mais aussi catacombes, tunnels de métro, etc. Plusieurs activités découlent de cette exploration, telles que la cataphilie ou la toiturophilie, dont certaines peuvent se révéler risquée voire dangereuses.

Légalement parlant, cette activité clandestine est interdite pour des raisons de risques de blessures encourus par les « urbexers » (ou urbexeurs), mais surtout à cause du fait que les explorations se font souvent sans l’autorisation du propriétaire. D’où le côté un peu marginal de ces expéditions, qui de plus, si elles sont effectuées avec prudence, requièrent un certain équipement professionnel et coûteux (vêtements, cordage, lampes, casque, gants, sac, etc.). Cela étant, elle est très peu réprimée, les vrais urbexers ne dégradant pas les lieux, se contentant seulement de les explorer. A n’absolument pas confondre avec les squatteurs, donc. 

Revenons en à nos moutons

Une fois le contexte posé, le lecteur est vite plongé dans l’ambiance d’Urbex sed lex de Christian Guillerme. Pour avoir pratiqué cette activité pendant de nombreuses années, j’avoue que le titre du roman m’a immédiatement interpelé. Il y a peu de romans à ma connaissance abordant ce sujet, pourtant sujette à de grosses frayeurs en perspective ! Quelques-uns commencent à émerger, cela va être intéressant de comparer les façons de l’aborder.

On commence gentiment par faire connaissance avec les quatre protagonistes, amis de longue date, et formant deux couples. Ils pratiquent ensemble l’urbex, et sont équipés comme des porte-avions. Leur passion les a mené à créer un site internet dans lequel ils référencent leurs explorations, et les mettent à disposition des passionnés.

Ils vont recevoir dans la messagerie de leur site un bien mystérieux message, une sorte de challenge qui, s’il est correctement accompli selon des règles définies, leur rapportera beaucoup, beaucoup d’argent. Ok, cela ne sent pas bon d’entrée de jeu, mais bon on parle d’argent quand même, beaucoup vendent leur culotte pour quelques billets, donc après tout…

Les dés sont jetés

Comme dans tout bon film d’horreur, on fait deux groupes de un, c’est bien connu. Bon, là ils y vont à quatre, appâtés par le gain, mais on sent quand même que cela va partir en cacahuètes. Cela ne va pas rater, mais le talent de Christian Guillerme est que l’ensemble est complètement crédible du début à la fin. Et on s’y croit ! Une chasse à l’homme va s’opérer, et l’on ne refermera encore une fois le livre qu’une fois terminé.

Le rythme est dingue, tout s’enchaine à 100 à l’heure, on n’a pas le temps de niaiser comme dirait nos homologues québécois. Le plan est machiavélique, et tout est calculé à la minute près. Tout laisse à croire qu’ils n’ont aucune chance de s’en sortir, le piège se referme très vite.

Christian Guillerme nous laisse, haletants, après avoir fini, avec une sensation oppressante d’être observé. Il nous livre (sans jeu de mot!) une pépite, moi qui étais déjà fan de son premier opus La Corde de mi, là je suis accro. Un vrai coup de cœur !

Minarii Le Fichant

Christian Guillerme, Urbex sed lex, Taurnada Editions, juin 2020, 251 pages, 9,99 eur

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