La ville dans le ciel, mariage du polar et de la SF de Chris Brookmyre

Un polareux qui se met à la science-fiction  

Auteur écossais, Chris Broolmyre est surtout connu comme auteur de polars : citons Un matin de chien (Série noire, 2001), Petite bombe noire (L’aube, 2004), Sombre avec moi (Métailié, 2019) et Les Ombres de la toile (Métailié, 2020). On a même fait de lui le porte-parole du mouvement « tartan noir », renouvelant le roman policier écossais. Le voilà ici en train de marier polar et SF dans La Ville dans le ciel, paru en septembre chez Denoël dans l’estimable collection « Lunes d’encre ».  

Meurtre en orbite  

Merde. Une bouteille de whisky sur la table de nuit, une légère odeur de vomi qui s’échappe des toilettes escamotables. Une migraine digne d’un tir d’artillerie, mélange d’explosions de lumière et de douleur. Du sang séché sur les mains, plus noir que la peau qu’il recouvre. Le souvenir confus d’avoir frappé quelqu’un – mais qui ? Aucune idée. Et, bien sûr, une pute complètement nue endormie à côté d’elle. 

C’est ainsi que Nikki Freeman, policière, se réveille un matin de cuite sur la station spatiale Ciudad de Cielo, conçue pour être la première étape de la conquête de l’espace. Nikki, venue de Californie, a fait son trou en dehors de la Terre, vivant de son salaire et de différents bakchichs qu’on lui verse. Mais voilà qu’un cadavre en mille morceaux est découvert : on lui confie l’enquête, cela ne la réjouit pas… Surtout quand elle voit débarquer Alice Blake, envoyée par la Terre pour la chaperonner… et surtout la surveiller. Les choses ne s’arrangent décidément pas lorsqu’Alice découvre le cadavre d’une femme chez Nikki… Qui va vite comprendre qu’une conspiration est à l’œuvre sur Cielo.  

Une tentative réussie  

La Ville dans le ciel constitue une de ces nombreuses tentatives de marier deux genres a priori antithétiques mais il y a eu des réussites éclatantes comme le film Blade Runner. A priori, la lecture de ce roman indique qu’il s’agit d’une réussite. Vrai « page-turner », La ville dans le ciel fera le bonheur des amateurs qui le dévoreront avec avidité. On notera que l’auteur sacrifie au Zeitgeist du XXIe siècle en faisant de deux femmes les personnages principaux. Mais l’efficacité narrative est là, grâce à un style hérité du roman noir.

Recommandons donc La Ville dans le ciel de Chris Brookmyre.    

Sylvain Bonnet  

Chris Brookmyre, La Ville dans le ciel, traduit de l’anglais par Sébastien Guillot, Denoël « Lunes d’encre », septembre 2021, 512 pages, 23 eur

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