Le cri, Beuglet en BD

Adapté du thriller Le Cri de Nicolas Beuglet, on retrouve le dessinateur Laval Ng, habitué de la SF avec un style de dessin qui évolue et qui nous enchante. Si vous êtes fan d’ambiance nordique, de centres psychiatriques où il ne fait pas bon vivre, d’enquête sous très haute tension, ce livre est pour vous.

Enquête sous dérives scientifiques

Oui, il a crié, comme tous les soirs… Son cri à lui, un truc moche… Vraiment moche. J’en ai entendu des cris. Mais vous savez, celui-là il me foutait les foies.

Oslo de nos jours, sous un hiver glacial et sous une nappe de secrets inviolables. Le point de départ est un banal suicide, celui d’un aliéné dans un hôpital psychiatrique, rien d’étonnant jusque-là.

La jeune inspectrice dépêchée sur place s’appelle Sarah Geringën. Elle aura bien besoin de ses yeux perçants et de son caractère trempé pour bien démarrer son enquête et délier le vrai du faux. Tout le monde ment, le directeur, les employés. Pourquoi cet homme sans nom, dont seul le numéro 488 gravé sur son front se serait-il suicidé ? Mais comment d’ailleurs ? Seul avec ses mains, un homme peut-il s’étrangler comme l’attestent les traces sur son cou ? On se moque vraiment de son intelligence !

Sarah boucle le périmètre, sépare et interroge tout le monde et découvre peu à peu l’ampleur des secrets sur 488. Il est mort de peur !

Elle va devoir enquêter, bien au-delà de son secteur et surtout se mettre en travers d’organisations étatiques qui ont bien l’intention de garder secret leurs agissements. Mais de ce côté-là Sarah a de la réserve pour les affronter.

Sommes-nous dans un docu-fiction ou une réalité ignorée ?

Nous ne pouvons qu’être effrayé en imaginant ce type de manipulation scientifique. En tout cas aller aussi loin dans la torture pour comprendre le cerveau est plutôt l’apanage des plus grands dictateurs. Ou encore d’états prêts à tout pour concevoir l’arme fatale.

Sans connaître le roman éponyme on imagine que le rythme de son récit est aussi palpable que dans cette bande dessinée. L’auteur a retranscrit une inspectrice qui avance dans son enquête et ce en ignorant tous les obstacles. Elle les franchit sans regarder derrière, seule ligne de conduite, la vérité.

Laval Ng est le pseudo bien singulier du dessinateur Ng Man Kwong. La science-fiction rythme plus souvent son catalogue. Son style est très différent pour cet album et s’apparente plutôt à l’album l’effet miroir paru chez Delcourt en 2020. D’ailleurs dans le même registre psychologique.

Il a su créer une ambiance aquarellée sombre et habile. La couleur orange des cheveux de l’inspectrice se décline dans tout l’album et apporte ce supplément lumineux très opportun.

Il a choisi en majorité un cadrage centré sur les visages pour se sentir au plus près de l’histoire, tel un documentaire. Ceci conduit à générer ce rythme effréné d’actions avec de nombreux plans cinématographiques en mode paysage.

Un grand bravo pour cette adaptation qui nous a donné des sueurs froides.

Xavier de La Verrie

Makyo (scénario), Laval Ng (dessin), Le Cri, adapté du roman de Nicolas Beuglet, Philéas, septembre 2023, 152 pages, 20,90 euros

Laisser un commentaire