Entretien avec Borris autour de son album « Charogne »

Nous vous avons présenté cet été la dernière œuvre de Borris, Charogne édité chez Glénat. Nous avions beaucoup aimé cet album, qui vient d’être sélectionné pour Quai du Polar 2019, et souhaitions en savoir davantage suros auteur. Borris nous a accordé l’intimité d’un entretien et comme il a toujours sa trousse avec lui, il a pris le temps de croquer le personnage de son livre.

Entretien

Est-ce un projet à quatre mains où chacun contribue de façon classique scénario et dessin ?

Le projet est avant tout personnel, il sommeillait depuis plusieurs années. J’avais en tête le lieu, une partie de l’intrigue, les grandes lignes de la BD. Face à l’ampleur du travail et à l’écriture du scénario j’ai contacté Benoit Vidal pour écrire avec l’histoire moi qui est une fiction complète.

L’histoire prend place dans les Pyrénées, lieu choisi au hasard ?

Le lieu existe vraiment c’est un village à 800m dans le département de l’Aude sur les contreforts des Pyrénées où je possède une maison de vacances, donc un lieu connu, exploré et apprécié.

L’envie première c’est l’histoire de personnages qui descendent dans la montagne avec un cercueil. Ça me fascinait de décrire le récit d’hommes qui en bavent sur des petits chemins de chèvres avec tout ce que l’on peut imaginer de glauque autour de ça, les odeurs, le poids du mort. Il a fallu pas mal de temps pour trouver le début de l’intrigue en exploitant l’idée première.

© Borris / Glénat

C’était un chemin de croix ce projet  ?

Un très long chemin en effet, les prémices en 2014, début de l’écriture avec Benoit fin 2015, signé avec Glénat fin 2016 et une sortie de l’album en juin 2018.

J’ai accepté d’être laborieux, de prendre le temps pour murir chaque projet.

Vous êtes plutôt le bon, la brute ou le truand de l’histoire ?

En fait je suis les 3 à la fois. Je me retrouve un peu dans le personnage soupe au lait mais également le cynique sur le rapport à la mort et à la religion, le pragmatique également qui cherche à arranger les choses mais qui finalement les pourries aussi.

Comment avez-vous fait vos recherches sur les lieux, les vêtements d’époques, les us et coutumes ?

J’ai pris beaucoup de photos sur place, du village mais j’ai fait aussi de nombreuses balades dans la montagne, dans les gorges pour chercher les points de vue, les angles. Le lieu de la pose des morts existe bien.

La différence notable était l’absence d’arbres car la population l’utilisait pour se chauffer ainsi que l’industrie dans la vallée.

J’ai aussi utilisé un livre à compte d’auteur d’un habitant du village, qui témoigne sur les traditions et le patrimoine.

C’est une prédisposition de traiter les drames comme avec « lutte majeure » votre premier ouvrage ?

J’ai bien l’impression avoir l’aptitude d’aimer raconter ce type d’histoire, j’ai souhaité apporter quelques vannes dans le récit mais le naturel revient vite et l’histoire dérape…

Vous qui êtes attiré par l’illustration animalière, vous les avez intégrés par petites touches.

En effet j’adore le dessin animalier, les animaux ont servi de contre poids dans l’histoire et pour amener une certaine rythmique, avec un traitement graphique un peu différent.

Vous aimez uniquement la monochromie, le noir et blanc ou c’était nécessaire pour cette fiction ?

On se trouve au XIXe siècle, en commençant à traiter de la sorte et il s’est passé quelque chose avec l’apparition de ce filtre un peu jaune qui s’est vite imposé en donnant une tonalité toute particulière à l’album. J’adore la couleur mais je n’ai pas de facilité à l’utiliser.

La BD vient d’être sélectionnée pour QUAI DES POLARS (mars 2019)

Propos recueillis par Xavier de la Verrie

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