« Danger Girl : Opération Hammer » : au service secret des drôles de dames

Qui peut protéger le monde contre les dangereux trafiquants, les dictateurs mégalomanes, les néo-nazis, ou les savants fous ? Les « Danger Girls » bien sûr, soit les 4 meilleures espionnes de tous les temps ! Natalia Kassle, la Russe blonde spécialiste des armes blanches ; Sydney Savage, experte du fouet et en combat rapproché ; Silicon Valerie, la jeune hackeuse qui ne demande qu’à accompagner ses amies sur le terrain. Elles sont bientôt toutes les 3 rejointes par Abbey Chase, la célèbre aventurière !

 

 

 

Le cocktail détonnant de Danger Girl

Danger Girl est imaginé comme un cocktail explosif, le mélange survitaminé de « Drôles de dames », des Indiana Jones et des James Bond. J. Scott Campbell ne cache jamais ses références ; il s’en amuse même : Deuce, le « Charlie » de l’équipe, prend les traits de Sean Connery et le vilain de pacotille, Donavin Conrad, les traits de Timothy Dalton. Deux références parmi d’autres très nombreuses : Danger Girl est conçu comme un hommage aux films et séries d’action rocambolesques. Il ne faut donc pas s’attendre à quelque chose de neuf ni d’original, mais à bien à une relecture fraiche et amusante de tout un pan de la culture populaire des années 1960 à 1980. Bref, une lecture légère au scénario fulgurant auquel on pardonnera de jouer sur les poncifs sans modération aucune.

 

 

L’ascension fulgurante de Scott Campbell

En 1994, Jim Lee confie à un inconnu le dessin de la mini-série Gen13, un démarquage sexy et léger des Nouveaux Mutants de Marvel. Quel coup de génie de Jim Lee d’avoir perçu le talent de ce J. Scott Campbell derrière ses anatomies hasardeuses et certaines perspectives ratés ! Très rapidement, le style du jeune dessinateur s’affine. Plus cartoony, presque caricatural, il s’écarte peu à peu du style Image Comics qui sévit au milieu des années 90. Au point qu’on peut reconnaitre le trait de J. Scott Campbell au premier coup d’œil. Le succès est au rendez-vous, un succès qui doit beaucoup à ses filles pulpeuses et souvent courtes vêtues. En 1998, J. Scott Campbell développe un nouveau projet pour le studio Cliffhanger (créé par un certain… Jim Lee !). Cliffhanger développe des séries qui ont la particularité de s’éloigner des comics de super-héros habituelles. Joe Madureira s’attaque à l’heroic fantasy avec Battle Chasers et Humberto Ramos aux histoires de vampires avec Crimson. J. Scott Campbell, lui, souhaite une série plus légère : ce sera Danger Girl.

 

 

Danger Girl, des filles qui conviennent parfaitement au style de Campbell

Le succès de Danger Girl doit autant aux clins d’œil innombrables à la culture pop qu’à la plastique plus qu’avantageuse de ses héroïnes. Disons que la série est faite « pour » (et par) J. Scott Campbell : elle permet à l’artiste de jouer de ses qualités. Le comics Danger Girl est un carton, au point que le merchandising fonctionne à plein régime (statuette, jeu vidéo, etc.). Des produits dérivés dans lesquels J. Scott Campbell s’implique. Trop même au point que surchargé de travail, il finit par jeter l’éponge. Les « Danger Girls » survivront au départ de leur créateur : on compte une dizaine de mini-séries. J. Scott Campbell de son côté ne dessinera plus de bande-dessinée : il se consacre uniquement à l’illustration de couvertures alternatives de comics, activité ô combien plus lucrative.

 

 

Une édition belle et complète

Avec Danger Girl : Opération Hammer, Graph Zeppelin propose une magnifique édition qui plaira autant aux néophytes qu’aux amateurs. On y retrouve évidemment l’intégralité des planches de J. Scott Campbell sur Danger Girl, avec une nouvelle traduction et un lettrage qui correspond un peu plus à celui de la version originale. L’album se conclue par un cahier d’illustrations réunissant des reproductions de couvertures, des esquisses de J. Scott Campbell et, plus original, des photos de cosplays. Bref une superbe édition (à un prix abordable) pour une série unique en son genre.

 

Stéphane Le Troëdec

 

J. Scott Campbell (scénario et dessin), Danger Girl : Opération Hammer, Graph Zeppelin, juin 2018, 272 pages, 21 euros

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