« Dans la maison » jouer à se faire peur avec Philip Le Roy

Philip Le Roy manie comme personne les intrigues avec une bande d’ado. Dans sa série de romans S.I.X., ils s’agissait de créer un groupe d’action composé de six ados aux capacités hors normes et d’en faire un véritable commando. Avec Dans la maison, il recompose un groupe mais ce coup-ci ce sont les ados qui vont être les victimes, dans la grande tradition des films d’horreur. Prêts à entrer dans la maison ?

Pris à leur propre piège

Le groupe des Huit attire tous les regards. Ces lycéens hors nomes en classes d’Art appliqués dans un lycée de Vence sont les plus brillants et altiers, les plus libres et en leur sein se trouve la plus belle de toutes. Ils s’installent donc dans l’ancienne bergerie transformée en maison d’architecte incroyable, aux bord d’une forêt, où ils vont pouvoir être tout à fait tranquille pour faire la fête ! Le thème de la soirée ? se faire peur, et tous ceux qui auront failli : quatre gorgées d’alcool. Si bien que rapidement les premiers petits malins mettent leur imagination à profit pour piéger leurs camarade et l’ambiance devient incontrôlable.

Sont-ils seuls dans la maison ? La région est connue pour ses phénomènes paranormaux, des apparitions, des bruits étranges… Mais est-ce le seul secret qui sera dévoilé aux Huit ? Et ces bruits, ces cailloux qui apparaissent de nul part, ces personnages issus des cultures populaires — l’incroyable Kuchisake-onna ! —, sont-ils pour quelque chose dans la disparition des ados, les uns après les autres…

Hommage aux classiques du genre

Il faut lire Dans la maison comme un hommages aux classiques du cinéma d’horreur. Nombre de films sont cités par les ados eux-mêmes comme étant leurs références, et vont servir de méta-texte à l’intrigue : une bande d’amis qui s’enferment pour une soirée à jouer à se faire peur. Mais le schéma dans lequel Philip Le Roy s’enroule avec délectation est celui du groupe et de la maison isolée : un peu de sexe et beaucoup d’alcool, un sentiment d’invulnérabilité… et un à un les protagonistes qui disparaissent. Wes Craven n’est jamais très loin, ni dans l’humour décalé, ni dans le défilé de l’intrigue.

Mais, oh surprise, c’est Agatha Christie qui menait toute l’affaire et ce n’est qu’en fin de livre qu’on va comprendre pourquoi. Sans doute un grand nombre des références échapperont-elles aux lecteurs à qui Dans la maison est destiné (à partir de 14 ans), qu’elles soient explicites — les ados jouant à qui aura le plus de références… — ou implicites le scénario emprunte aux éléments de la culture pop-horror, parmi lesquels la japonaise Kuchisake-onna, la femme à la bouche fendue qui terrorise ceux qu’elle interroge sur sa beauté… Mais la manière dont Philip Le Roy mène tous ces éléments pour en faire sa maison de l’horreur, c’est un art qui ne relève que de son talent propre !

Dans la maison porte admirablement son titre — vous verrez pourquoi — et c’est sans doute la meilleure entrée en matière pour découvrir les plaisirs de la lecture pour se faire peur !

Loïc Di Stefano

Philip Le Roy, Dans la maison, Rageot, mars 2019, 352 pages, 15,90 eur

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