DC Comics fait le deuil de Batman, Wonder Woman et Superman : « 52, tome 2 »
Greg Rucka, Grant Morrison, Mark Waid, Geoff Johns… 4 scénaristes d’exception réunis pour écrire cette formidable saga qui en l’absence de Batman, Superman et Wonder Woman, remet sur le devant de la scène les 2nd couteaux de l’univers DC. Avec en toile de fond, un inventaire hallucinant de ses différentes parties. Tout simplement fascinant, et donc indispensable pour les lecteurs de DC.
Les 3 plus grands héros de l’univers DC ont disparu. Du coup, ce sont des super-héros moins connus qui doivent veiller sur la Terre, et résoudre le mystère de la disparition de Wonder Woman, Superman et Batman… Booster Gold s’est autoproclamé nouveau défenseur de Métropolis. Lex Luthor organise sa propre équipe de super-héros en « offrant » des super-pouvoirs. Ralph Dibny alias Extensiman essaie de résoudre une mystérieuse énigme dans l’espoir de ressusciter son épouse. Plus surprenant, Black Adam devient le dirigeant d’un pays africain et tombe amoureux ! L’ex-policière Renee Montoya fait équipe avec la Question (Vic Sage) pour démanteler le groupe criminel Intergang. Enfin, perdus au fin fond de l’espace, Animal Man, Adam Strange et Starfire tentent de retrouver le chemin de la Terre : sur leur route, ils vont croiser un bien étrange personnage appelé Lobo…
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« 52 », une épopée accessible…
Il y 2 façons d’appréhender cette saga tentaculaire, en fonction de votre degré de connaissance de l’univers DC. Ainsi, 52 peut très bien se lire au premier degré. Comprendre : l’apprécier comme une épopée de super-héros tout ce qu’il y a de plus simple. Encore qu’il faut bien garder en tête périodicité de 52 lors de sa publication aux USA, soit un épisode par semaine pendant 52 semaines. Du coup, 52 reste un récit touffu aux nombreuses ramifications, avec plusieurs lignes narratives variées qui avancent en parallèle et qu’on devine qui vont converger.
… Mais aussi bourrée de références
Et puis, il y a une autre façon de lire 52. Chacun des scénaristes (on va y revenir) y va de sa petite référence. Là aussi, tout est question de méthodes : certains placent des allusions comme autant de graines à germer par la suite. D’autres glissent par ci par là des références au passé de l’univers DC ou d’autres clins d’œil appuyés. Et comme ces auteurs ont tous pas mal d’expérience, tout cela se fait sans vraiment gêner la lecture. Ou comment ravir les vieux routards ET les jeunes lecteurs.
4 scénaristes stars et 1 coordinateur, Steve Wacker
52, c’est donc 4 scénaristes pour une saga. Et pas n’importe lesquels, puisqu’il s’agit du gratin du milieu : Geoff Johns, Grant Morrison, Mark Waid et Greg Rucka. Rien que des scénaristes reconnus et appréciés par les lecteurs et la critique. Grâce aux coulisses dévoilés en fin de chaque épisode, on devine l’artiste est derrière telle ou telle idée. Ainsi, les scènes avec Renee Montoya sont probablement écrites par Greg Rucka ; celles avec Animal Man ou sur l’île d’Oolong par Grant Morrison. Restait à harmoniser cet orchestre de compétition qui aurait pu tourner à la cacophonie. Steve Wacker, l’editor de 52, s’acquitte de cette tâche ingrate (car souvent méconnu des lecteurs) avec brio. Après 52, le même Steve Wacker sera débauché par Marvel pour chapeauter la période Brand New Day de Spider-Man sur le même principe d’un épisode par semaine. 52 est un des events DC hebdomadaire les plus réussis, une petite merveille de précision scénaristique.
Stéphane Le Troëdec
Geoff Johns, Grant Morrison, Mark Waid, Greg Rucka (scénario), Keith Giffen, Dale Eaglesham, Joe Bennett, Pat Olliffe, Eddy Barrows (dessin), 52, tome 2, Urban Comics, collection DC Classique, février 2018, 320 pages, 28 euros