Déceptions culturelles françaises…
Les experts ont prédit que 2025 serait une année « difficile » pour les libraires. Nous avons expliqué récemment pourquoi il nous semblait que la profession était peut-être en partie elle-même responsable de cette situation, mais vient s’ajouter une décision de La Poste qui risque de mettre en péril une certaine catégorie de libraires – les plus bibliophiles d’entre eux.
Il y avait, depuis quelques décennies, un tarif spécial – dont La Poste ne se vantait pas et qui n’apparaissait même pas au départ sur son site, mais qui existait néanmoins –, un tarif spécial donc pour l’envoi de livres à l’étranger, manière efficace d’encourager la diffusion de la culture française.

La Poste a décidé de supprimer ce tarif à partir de l’été prochain. Pratiquement, cela signifie que le port d’un livre qui, par exemple à destination des États-Unis, se montait à 6 euros sera maintenant en gros de 30 euros. Autrement dit, bien souvent, nettement plus élevé que le prix du livre lui-même. Impossible donc, pour les libraires dont les bénéfices étaient dans une large mesure fondés sur leurs ventes par correspondance, de poursuivre leur activité. France, mère des arts ? Allons donc ! On comprend bien que La Poste doive « se réinventer » avec l’ampleur prise par internet et par les mails, mais il s’agit là du prestige de la nation – en bon français, de soft power –, et ce prestige passe visiblement au second plan.
Dans le même désordre d’idées, on cite le cas d’une commune dans laquelle un citoyen bénévole avait pris l’initiative d’installer une « boîte à livres », mais une boîte à livres si complète que c’était à la vérité une petite cabane. Il avait pris soin de s’adresser à la municipalité pour que cette « construction » ne soit pas en contradiction avec les normes autorisées. Mais quelque temps plus tard, il eut la surprise de recevoir un courrier officiel lui intimant l’ordre de payer une taxe de 500 € pour un motif du type « occupation des sols ». Son esprit bénévolant ayant quand même des limites, il a aussitôt démonté sa cabane. Quand il s’agit de livres, on peut s’étonner de la manière dont l’État gère.
FAL