Le laboratoire de l’imaginaire : chimie et science-fiction
Un genre ouvert à la chimie
Fabrice Chemla, maître de conférences et professeur de chimie à Sorbonne Université, a choisi de consacrer un ouvrage dans la collection Parallaxe des éditions du Bélial à la chimie et aux emprunts que la science-fiction y a fait. C’est moins spectaculaire que d’autres emprunts, songeons par exemple à la relativité où à la mécanique quantique, mais tout aussi important.
Des emprunts multiples

Et dès le début de l’histoire des genres, la chimie nourrit l’imaginaire. Prenons les atomes par exemple avec La fille dans l’atome d’or de Ray Cummings ou aux Voyageurs de la comète d’Austin Hall. On imagine des univers en miniature, un peu comme dans les comics (songeons aux personnages d’Atom où à l’homme-fourmi). La table périodique des éléments est aussi un moteur pour l’imaginaire car tous n’ont pas été découverts… et pour un écrivain comme Ken Liu, venant après d’autres, la vie peut ne pas être carbonée et être d’origine cristalline.
Imaginer une biochimie extraterrestre
Dans chaque chapitre, Fabrice Chemla s’appuie sur des raisonnement scientifiques… pour expliquer la science-fiction, une gageure. Le chapitre qu’il consacre à l’analyse du Mélange issu de l’univers de Dune, capable de rallonger la vie et de provoquer chez un Paul Muab’dib des visions de l’avenir, est assez savoureux et passionnant pour ceux qui ont une solide culture scientifique. Idem pour le chapitre consacré au parfum, dans l’univers de Patrick Suskind. Les odeurs ici se mélangent. On ne peut que recommander le Laboratoire de l’imaginaire à tous les passionnés de science-fiction et aussi à ceux qui ne peuvent se passer de vulgarisation scientifique. Car que ferait-on sans la science ?
Sylvain Bonnet
Fabrice Chemla, Le laboratoire de l’imaginaire, illustration de couverture de Cédric Bucaille, Le Bélial « Parallaxe », octobre 2024, 352 pages, 20,90 euros