Staline, criminel de masse

Un trio de choc

Pour cet album Staline de la collection « ils ont fait l’histoire », les éditions Glénat, en association avec Fayard, ont fait appel à l’historien Nicolas Werth et au scénariste Vincent Delmas. Werth est un des meilleurs spécialistes de l’URSS. Il y a consacré nombre d’ouvrages dont une Histoire de l’Union soviétique (PUF, 2008) qui a connu plusieurs éditions. Le scénariste Vincent Delmas a quant à lui déjà donné pour cette collection des albums consacrés à Charlemagne, à Elisabeth Ière. Le dessinateur Fernando Proietti est pour l’instant surtout connu pour des albums publiés en Italie. Cette fine équipe s’attaque à la figure d’un des plus grands dictateurs de l’histoire : Staline.

L’ascension d’un génie criminel : Staline

L’album se concentre sur les années 1920 et 30. On y découvre un Joseph Staline jeune, qui brigue la succession de Lénine, mort en 1924 et qui avait pourtant écrit qu’il fallait se méfier de ce « merveilleux géorgien ». Staline y est aussi montré comme un homme amoureux de la belle Nadedja, mère de Svetlana (plus tard, elle émigrera à l’Ouest et écrira sur son dictateur de père), mais qui laisse peu à peu sa paranoïa le dévorer. En tout cas, cet homme noyaute le parti communiste, réussit à évincer son rival Trotski et impose une industrialisation forcée à l’URSS.

Rappelons que pour financer cette industrialisation, Staline et ses hommes confisquèrent les récoltes des paysans, les koulaks, particulièrement en Ukraine. Et ainsi les vendre à l’étranger et se procurer les fameuses devises pour acheter les machines-outils nécessaires à leurs usines. La famine fit plusieurs millions de morts (l’album le montre bien) sans beaucoup les émouvoir.

Vinrent les purges…

Plus tard, Staline impose les grandes purges à son pays, faisant par exemple assassiner son ancien camarade Boukharine après un procès truqué. On voit alors Staline, dont l’épouse s’est suicidée, enfermé au Kremlin et signer les ordres d’exécution. Augmentant s’il le faut le nombre de personnes à « liquider » et laisse se développer le culte de sa personne… Les faits sont bien racontés, servis par le graphisme âpre de Fernando Proietti. On se permettra juste de regretter que Lénine apparaisse « plus » humain car le stalinisme est du léninisme à 95%. Bon album en tout cas. Pour fans d’Histoire ou non.

Sylvain Bonnet

Vincent Delmas & Nicolas Werth & Fernando Proietti, Staline, Glénat, novembre 2019, 56 pages, 14,50 eur

Laisser un commentaire