Histoire des favoris, boucliers royaux

Un historien à succès

Professeur d’histoire à l’université de Besançon, Jean-François Solnon est l’auteur de biographies d’Henri III (Perrin, 2001) et de Catherine de Médicis (Perrin, 2003). Il remporté un grand succès avec Le Turban et la Stambouline (Perrin, 2009), qui lui a aussi valu le prix du livre d’histoire de l’Europe. On lui doit également des livres sur Louis XIV (Perrin, 2015) et le château de Versailles (Perrin, 2017) dans la collection « vérités et légendes ». Ici il nous propose une histoire des favoris avec des exemples tirés de tous les pays européens. Qu’en retient-on ?

Plusieurs cas de favoris dans l’Histoire, tous intimes du monarque

Solnon nous propose vingt portraits de favoris royaux qui ont tous en commun de partager l’intimité de souverains écrasés par leurs charges. C’est le cas de Godoy en Espagne ou de Mazarin en France au temps d’Anne d’Autriche. Certains partagent le lit du roi (ou de la reine), comme Menchikov ou Potemkine en Russie. Mais ça ne dure qu’un temps car ils doivent ensuite faire leurs preuves et montrer des talents politiques s’ils veulent survivre. Ainsi Cinq-Mars échoue-t-il finalement car totalement dépourvu de sens politique face à Richelieu dont il fut un temps la créature. En tout cas ils aident des monarques solitaires (Louis XVIII et Decazes, Henri III et ses mignons) dont la faveur les élève mais peut aussi les abandonner.

Des paratonnerres ?

Ces favoris ont été souvent brocardés, attaqués. On a fait d’eux des symboles des turpitudes (y compris sexuelles) des souverains. Ce livre de Jean-François Solnon permet de souligner leur rôle politique. Ils sont en fait des intermédiaires entre les souverains et la cour, voire l’opinion publique. Ils jouent aussi un rôle de « paratonnerre », détournant de la figure royale la colère des grands, de la cour, voire du peuple. C’est flagrant pour le duc de Buckingham en Angleterre. Cela ne marche pas toujours pour autant…

En tout cas, cet ouvrage donne un nouvel éclairage sur des figures trop longtemps caricaturées ou méprisées.

Sylvain Bonnet

Jean-François Solnon, Histoire des favoris, octobre 2019, Perrin, 450 pages, 24 eur