Leo, intrigues à tiroir
Après La femme au manteau bleu (Gallimard, 2021) et Cupidité (Gallimard, 2022), le sud-africain Deon Meyer revient avec son duo fétiche de policiers, Griessel et Cupido, avec Leo, un roman où plane l’ombre de la corruption actuelle du pays.
Petites et grandes affaires
« De l’autre côté de la table en bois usée, fournie par l’Etat, calés sur leur chaise en bois, fournie par l’Etat, se tiennent deux enquêteurs. Ils se sont présentés comme les lieutenants Benny Griessel et Vaughn Cupido. Tête penchée, sourcils froncés, ils scrutent le formulaire qu’elle vient de remplir avec soi. De sa petite écriture laborieuse. Sans faute de grammaire. Factuelle. »

Griessel et Cupido, anciens de l’équipe d’élite des Hawks, se font oublier après certaines frasques à l’unité crimes et délits du poste de Stellenbosch. Ils attendent d’être rappelés et gèrent les crimes du coin. On retrouve une jeune fille morte dans un parc, apparemment assassinée et mordue par des chiens. Grâce aux caméras de surveillance, ils retrouvent un suspect, Basie Small. Celui-ci leur refuse le droit d’entrer chez lui pour l’interroger. Quand ils reviennent avec le mandat, ils le découvrent mort. Griessel et Cupido retrouvent sa sœur qu’ils interrogent. Elle est nerveuse. Pendant ce temps, un commando se prépare à mettre la main sur vingt millions de dollars en or. Tout est lié bien sûr mais le pire est à venir : Griessel doit se marier et rien ne doit le mettre en retard…
Un duo et une recette rodée
Deon Meyer connait son affaire et maitrise bien le genre. Il propose des intrigues bien huilées s’appuyant sur un duo efficace, un blanc et un noir, l’un taciturne et l’autre extraverti. Au fond, ça tourne bien et le roman se plait à critiquer Jacob Zuma, ancien président accusé de corruption et on trouve ça bien normal. On se perd un peu par contre dans certains personnages secondaires, sans que cela nuise au dénouement. Leo se laisse lire avec plaisir.
Sylvain Bonnet
Deon Meyer, Leo, traduit de l’afrikaans par Georges Lory, Gallimard « série noire », octobre 2024, 624 pages, 23 euros