Quelle économie politique pour la France? un pays à rebâtir
La crise du COVID et la guerre en Ukraine démontrent la nécessité de réindustrialiser la France. Yves Perrier et François Ewald ont publié Quelle économie politique pour la France ? aux éditions de l’Observatoire en 2023, essai repris en poche chez Alpha.
Et pourtant il y a peu…

Les deux auteurs commencent par expliquer comment nous en sommes arrivés à ce stade de désindustrialisation. Ils rappellent ainsi les succès des planificateurs de l’après-guerre, fondés sur une alliance exceptionnelle entre un état colbertiste et un patronat prêt pour la modernisation. Des hommes comme Jean Monnet, Charles de Gaulle et Georges Pompidou ont bâti une industrie française performante et innovante, appuyé sur des vraies innovations comme le TGV ou le Concorde. Or cette belle histoire a pris fin à partir des années quatre-vingt. Les élites ont en fait choisi de rallier un modèle anglo-saxon, privilégiant la finance et les actionnaires via la réduction des coûts salariaux. D’où les délocalisations, le mythe du « pays sans usine » de Serge Tchuruk…
Que faire ?
Le constat est simple : la France a décroché, au moment où l’Allemagne a gardé son appareil industriel et où le développement de la Chine a entraîné de graves déficits commerciaux. Pour autant, le pays garde des atouts : le nucléaire par exemple, garantissant une énergie peu chère et décarbonée (important au moment de la transition écologique), une main d’œuvre formée. Reste à restaurer un état fort, interventionniste et planificateur. L’état ne doit pas être qu’un guichet dispensateur d’allocations sociales et couteuses. Les bouleversements géopolitiques récents entraînés par le réalignement des Etats-Unis de Trump, la nécessité de rebâtir un outil de défense national dans le cadre d’une défense européenne constitue aussi une opportunité pour reconstituer l’appareil productif. A suivre.
Sylvain Bonnet
Yves Perrier & François Ewald, Quelle économie politique pour la France ? préface d’Hubert Védrine, Alpha « essais, août 2024, 382 pages, 10 euros