Les secrets de l’olivier d’Emilie Borel
Tout a été dit sur l’olivier, arbre biblique autant que mythique, symbole de paix, de longévité, de richesse, dont le fruit et le rameau constituent autant d’images fortes, indissociables des sociétés et des religions méditerranéennes, depuis l’antiquité. Malgré cela, Emilie Borel réussit à percer « Les secrets de l’Olivier », dans un premier livre tout chargé de soleil et d’amour. C’est dire combien cet arbre a encore des choses à nous apprendre.
une vie voyageuse
Emilie Borel n’était pas écrivain jusqu’à ce jour récent où elle a pris la plume pour raconter son histoire. Il ne lui a fallu que quelques pages pour démontrer que l’oléiculture et la littérature font bon ménage, et c’est peut-être cela, finalement, le secret de l’olivier. Reste que sa vie voyageuse a aussi de quoi nourrir un bon bouquin, elle qui a vécu dans des pays bien divers, avant de se fixer en Corse, avec sa petite famille, pour voir grandir ses oliviers, et leurs feuilles flotter au vent.
Fille d’un père marseillais et d’une mère vietnamienne, elle habita successivement Paris, la Bolivie, Tunis, l’Indochine, le Paraguay, le Costa Rica, Rome, Londres, l’Angola, bref, la planète presque toute entière, jusqu’ au Tadjikistan. Puis, un jour, vient l’envie d’une ile, d’un arbre, d’un cœur. Pour tout cela, ce fut la Corse, une oliveraie dans les collines, et Ivo, le père de leur fille Théa. Avec eux, une nouvelle aventure commence.
une vie au plus près de la nature
Tel est en substance le corps du récit, assez intime pour que l’on s’attache à cette jeune femme chez qui la sensibilité et l’énergie font bon ménage. Heureuse d’accomplir son rêve d’une vie au plus près de la nature et heureuse de voir son huile d’olive consacrée et récompensée dans les plus grands concours internationaux. Mais moins heureuse d’avoir à découvrir dans le « peuple corse » des voisins malintentionnés, des fonctionnaires indifférents, des élus menaçants. Passons.
Les Secrets de l’olivier se lit comme un roman, puisque cette vie, d’abord itinérante, puis insulaire, est des plus romanesques. Mais page après page, se découvrent surtout un bonheur de vivre et d’aimer, une belle ode un rien champêtre à ces arbres qui bercent ses rêves. Et avec eux, ces livres qui l’accompagnent en toutes circonstances, car dans cette ile rebaptisée Ithaque, elle a emporté Homère, Parménide, Aristote, Héraclite. C’est la preuve qu’en plus du reste, Emilie Borel sait le grec. Ah, permettez de grâce que, pour l’amour du grec, Madame, on vous embrasse.
Didier Ters
Emilie Borel, Les Secrets de l’olivier, Equateurs, octobre 2019, 150 pages, 16 eur