L’arbre nu, roman d’amour mélancolique et attachant

Le parti pris d’une bande dessinée culturelle sans être trop intellectuelle correspond parfaitement avec la maison d’édition Les Arènes BD. Et L’Arbre nu en atteste, qui rend hommage à la Corée du sud, mais plus particulièrement à Park Wan-Seo, auteur adulée dans son pays. Ce roman graphique est l’adaptation de son premier roman de 1970, The naked tree.

Roman d’amour mélancolique et attachant

Dans les tableaux de Monsieur Ok, il y avait des paysages et des scènes paisibles du quotidien. Mais c’était avant la guerre… Pourrions-nous un jour goûter à nouveau aux joies simples d’une vie ordinaire ?

La guerre fait rage de toute part en Corée et les habitants du Sud sont confrontés à ses horreurs. A vingt ans, Lee Kyung a déjà perdu ses deux frères dans un bombardement et vit avec sa mère accablée de tristesse qui parait se laisser mourir.

Lee travaille à Séoul dans un magasin de l’armée américaine pour nourrir sa famille. Elle propose aux militaires de faire dessiner ou peindre des portraits pour leurs familles ou femmes.

A cette occasion elle rencontre l’un des artistes qu’elle dirige qui s’est enfuit du Nord du pays, un homme discret, émotif et miséreux. Elle s’éprend de ce dessinateur prodigieux, tente l’impossible pour l’accompagner chez lui et découvre qu’il est marié et père de deux enfants. 

C’est un déchirement pour elle, elle continuera à rêver d’impossible.

Hymne à l’amour platonique

L’adaptation d’un roman en roman graphique n’est pas nouveau, pour celui-ci c’est le choix affirmé de Keum Suk Gendry-Kim. Traductrice et interprète, adapte elle-même et surtout dessine avec le soin appliqué d’utiliser le noir et blanc. Probablement un goût personnel qu’elle a démontré dans ses précédentes BD. Certainement un moyen pour elle de relater avec davantage de distance son propre pays.

Nous comprenons tout d’abord les longueurs surement volontaires de l’auteur, exprimant d’une part la rudesse de la vie, d’autres part l’amour naissant, culpabilisant et finalement déchirant.

Nous aimons découvrir toutes les personnalités de Lee Kyung, qui, si jeune dans un pays en proie à la souffrance arrive à exister. Cette jeune femme qui s’occupe de sa mère qui ne lui laisse que peu de place dans son cœur après la perte de ses fils et qui l’ignore, au mieux lui fait des reproches.

L’humanité est au centre de ce récit, dramatique, implacable mais toujours avec un soupçon d’espoir et d’optimisme démontrant la force d’une nation.

Xavier de la Verrie

Keum Suk Gendry-Kim, L’Arbre nu, Les Arenes BD, aout 2020, 328 pages, 24,90 eur

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