Persona, le port du masque selon Maxime Girardeau
Un premier roman détonnant !
Premier roman d’une (je l’espère !) longue série, Maxime Girardeau signe avec Persona une belle entrée dans le petit monde du thriller.
Dès les premières lignes, le ton est donné : on n’en sortira pas indemne. Cela commence par la découverte d’une homme atrocement mutilé mais vivant, dans une partie désaffectée d’un centre hospitalier de Paris. Un élément particulièrement effroyable de la scène va servir de fil conducteur à toute l’histoire, qui dépassera même les frontières de la France.
Une frénésie à couper le souffle
Le rythme est perturbant, Maxime nous malmène, tantôt le temps s’allonge à ne plus en finir lorsque l’enquête piétine, les fausses pistes s’enchaînent, et le personnage principal se sent impuissant, tantôt il s’accélère et nous propulse dans une vérité crue, des preuves irréfutables auxquelles nous ne nous attendions pas. Non, Maxime ne nous ménage pas, ni notre sensibilité, ni notre coeur. Il n’est pas là pour ça. Il est là pour nous faire frissonner, et ça marche. Le déroulement de l’intrigue est oppressant, l’on se sent tel un lapin dans la lumière des phares d’une voiture.
Un match à domicile
Maxime Girardeau nous entraîne dans les méandres des GAFAM, ces géants incontournables du web (dont l’un d’entre eux sur lequel vous êtes en train de « scroller »). Il en connaît le fonctionnement et les outils, pour y avoir travaillé pendant dix ans.
Les geeks et autres « nerds » vont pouvoir se sentir comme chez eux, grâce à cet environnement électronique, digne des experts. Les autres pourront découvrir cet univers aussi fascinant qu’alarmant, à cause des informations que nous mettons nous mêmes et pourtant à notre insu à disposition de ces entreprises, tout en étant fervents défenseurs des libertés individuelles et de la protection des informations.
Une parfaite maîtrise de la psychologie des personnages
Pour donner forme à ses personnages, dont les plus cruels, Maxime Girardeau s’est particulièrement bien imprégné du profil psychologique pouvant conduire à ce genre d’acte de barbarie. Il joue également sur les différentes facettes que les individus peuvent arborer afin de se fondre dans la masse et passer inaperçu. Au contraire, les apparences étant parfois également trompeuses, il joue avec nous pour nous entraîner dans sa spirale malsaine. Impossible de résister, même rompu à cet exercice, on se laisse envoûter.
Persona est une réelle réussite, rien n’a été laissé au hasard, et l’on remarque tous les détails apportés afin d’ajouter de la crédibilité au récit. L’intrigue est glaciale, et l’on ne se lasse pas de ce jeu du chat et de la souris jusqu’au dénouement.
Je suis restée scotchée tout au long de l’histoire, et comme toujours à la fin d’un excellent livre, j’ai ressenti ce sentiment de vide après la dernière page. De plus, il est dans mes habitudes de toujours regarder si l’auteur glisse une playlist de titres musicaux qui l’ont inspiré, et je l’écoute pendant la lecture. Je dois dire que celle choisie par Maxime est particulièrement adaptée et immersive.
Un vrai bijou que je recommande.
Minarii Le Fichant
Maxime Girardeau, Persona, Fayard / Mazarine, février 2020, 432 pages, 19 eur