Il fallait bien les aider, quand des Justes sauvaient des Juifs en France

On connaît peu François-Guillaume Lorrain, journaliste au Point (ceci doit expliquer cela) et auteur d’ouvrages historiques comme Louis XIV, l’enfant roi (XO éditions, 2020) ou le roman Scarlett (Flammarion, 2022). Avec Il fallait bien les aider, il s’attaque à l’histoire des Justes, ceux qui sont reconnus par Yad Vashem comme ayant sauvé des juifs pendant la seconde guerre mondiale, au péril de leurs vies. Et de plus en plus de personnes, décédées désormais, sont reconnues comme Justes de nos jours. Un phénomène qu’il faut comprendre en revenant à l’histoire.

Une enquête à hauteur d’hommes

En bon journaliste, François-Guillaume Lorrain s’est attelé à une enquête de terrain, allant à la rencontre des derniers Justes vivants ou de ceux qu’ils ont sauvé, ou même de leurs enfants ou petits-enfants. On découvre l’histoire de Jeanne Acgouau et Jean-Baptiste Rogalle qui ont aidé une dizaine de personnes à traverser les Pyrénées. On rencontre aussi un certain Marcel Foucault, tombé fou amoureux d’une belle Paula, qu’il sauve et qu’il épouse : voici les parents de l’animateur Jean-Pierre Foucault. Et il y a ce jeune vietnamien fou amoureux d’une jeune fille rencontrée au cinéma : il la sauve elle et toute sa famille. Beaucoup des gens sauvés ont bénéficié de relations nouées avant le conflit. Il en va ainsi pour ces enfants, envoyés en colonie avant et pendant la guerre.

L’humain avant tout

On pourrait reprocher à cet ouvrage de faire beaucoup de place aux sentiments et aux émotions. Mais il en fallait pour nourrir le courage de ceux qui ont choisi consciemment des juifs. Il fallait être humain, d’abord et avant tout. Comme Pierrette Pauchard, vieille dure à cuir du Morvan, qui a accueilli une dizaine d’enfants dont Colette Morgenbesser. La vieille dame s’est dévouée à ces enfants et a pris auprès de la jeune Colette, enfant abandonnée par sa mère à la naissance, la place d’une mère. Des liens tissés qui survivent après la mort. L’action des Justes est une cause d’explication de la survie de français Juifs (mais n’oublions pas la géographie, l’existence de ces vastes campagnes) qui ont échappé à la Shoah et constitue une leçon d’espoir sur la nature humaine.

Sylvain Bonnet

François-Guillaume Lorrain, Il fallait bien les aider, Flammarion, septembre 2024, 340 pages, 23 euros

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