Etienne Daho l’éden retrouvé, un chanteur inspiré

On n’attendait pas Etienne Daho

Frédéric Tallieux, chroniqueur au webzine Forces parallèles, revient avec Etienne Daho l’éden retrouvé sur la carrière et le parcours du chanteur. Qu’il est loin le temps où, dans les années 80, il faisait figure de chanteur à minettes, sur fond de rythmes synthétiques (la mode de l’époque) ! Qui aurait parié parmi les rockers de l’époque un kopeck sur lui qu’on accusait de ne pas avoir de voix ? Voilà qu’en 2019, il est le parrain de la french pop, l’homme du bon goût musical, célébré par la critique et le public, auteur enfin, à soixante ans, d’un disque majeur, Blitz, que doivent lui envier certains confrères.

Un parcours exemplaire

Avec Etienne Daho l’éden retrouvé, autant biographie qu’essai sur l’œuvre de l’artiste, on découvre tout d’abord un enfant blessé par la séparation de ses parents, un adolescent pudique et aussi un fanatique de musique. Il y a chez Daho une quête incessante du bon son, du disque majeur. Et cela le pousent vers des artistes maudits comme Syd Barrett. Il sait se tenir au goût du jour. Il commence d’ailleurs comme un fan, organisant des concerts pour Stinky toys, le groupe de Jacno et d’Elli Medeiros.

Puis l’envie de faire de la musique germe en lui. Et il se lance. Qu’importe que son premier disque, Mythomane, ne se vendre qu’à 5000 exemplaires : les maisons de disque de l’époque savent encore être patientes. Sa chance viendra au suivant, la notte la notte, où on trouve son premier classique, Week-End à Rome (hommage à Vacances romaines de William Wyler, Daho est cinéphile). Le suivant, Pop satori, fait de Daho une star. Les années 80 sont sa décennie et il enchaîne les tubes : Epaule Tattoo, Tombé pour la France, Duel au soleil

Au final un artiste

Si Etienne Daho n’est pas un grand musicien, il a une vision et un univers bien spécifique, à la manière d’un écrivain qui a choisi la chanson et non le roman pour l’exprimer, comme Gainsbourg d’ailleurs. Si l’homme à la tête de chou n’a pas écrit pour lui, il l’a cependant conseillé, adoubé comme un de ses fils spirituels et Daho fera d’ailleurs d’une de ses chansons perdues, comme un Boomerang, un tube.

Parmi ses grandes réussites, très bien analysées par Frédéric Tallieux, citons Paris ailleurs et bien sûr Eden. A l’instar d’un David Bowie, Daho aime se remettre en question, se réinventer tout en restant lui-même (tout un art). Blitz par exemple le voit renouer avec une écriture « automatique » plus proche des surréalistes, avec de beaux instants d’émotions comme dans Le Jardin, dédiée à sa sœur disparue.

Etienne Daho l’éden retrouvé est une belle occasion de (re)découvrir celui qui est  finalement devenu un artiste passionnant. Bashung mort, Daho est celui qui désormais domine ce qu’on appelle la chanson française.

Sylvain Bonnet

Frédéric Tallieux, Etienne Daho l’éden retrouvé, Les mots et le reste, août 2019, 456 pages, 27 eur

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