Quand la musique fait l’histoire, une autre façon de lire le passé
Que serait la vie sans musique, m’interrogeait un jour un ex-amour. Hélène Daccord a quant à elle bâti son ouvrage en se demandant quelle place occupe la musique dans l’histoire. Et on découvre alors en lisant Quand la musique fait l’histoire, paru chez Passés composés, qu’elle est immense bien sûr (et ça fait du bien de le lire)
De l’enjeu culturel…
Hélène Daccord fait partir son ouvrage de la querelle, qui en France au milieu du dix-huitième siècle, séparait les amateurs de musique italienne et de musique française, un conflit qui se superposait sur les divisions de la cour de Louis XV et remettait aussi en cause la suprématie « politique » de la musique classique française, un héritage de Louis XIV. Au XIXe siècle, Verdi et Wagner, deux génies de l’opéra, vont jouer un rôle, parfois actif, dans la construction des cultures nationales italienne et allemande, qui vont alimenter les patriotismes de ces nations.
… À la politique
La musique enjeu politique donc. On le voit avec Beethoven, admirateur de la Révolution française et de Bonaparte pour qu’il compose la troisième symphonie. Il la lui dédie… avant de piquer une colère en apprenant son sacre. Napoléon, un prince comme les autres, le décevait et Beethoven s’acquittera alors consciencieusement des commandes passés par les grands aristocrates de la cour des Habsbourg. Plus près de nous, Rostropovitch, musicien russe exilé, se précipite à Berlin dès qu’il apprend que le Mur est en train de tomber. Et Hélène Daccord termine en racontant ce concert du philharmonique de New York en Corée du Nord qui, malheureusement, ne déboucha sur rien sinon sur un symbole simple : la musique peut rapprocher, au moins un temps, les pires ennemis.
Quand la musique fait l’histoire est un essai pertinent et attachant dont on regrette quelques inexactitudes (par exemple page 163 où le prénom de Gorbatchev est Nikita…).
Sylvain Bonnet
Hélène Daccord, Quand la musique fait l’histoire, Passés composés, mai 2023, 256 pages, 22 euros