Napoléon III, le dernier souverain

Voici la réédition d’une biographie de Napoléon III paru chez François-Xavier de Guibert en 2010 et réédité en cette année de commémoration du cent-cinquantième anniversaire de sa mort. Après Louis Girard, Pierre Milza, Eric Anceau et sans oublier l’ouvrage pionner de Philippe Séguin, que nous apprend de plus cet ouvrage de Gaël Nofri, préfacé par un de mes anciens professeurs, Jean-Paul Bled ?

La modernité d’un souverain

Ce qui frappe dans le parcours de Napoléon III, aventurier au parcours vertigineux, est sa modernité. Voici un prince qui s’intéresse à tout : industrie, sociologie, environnement, art, histoire, archéologie, etc. Arrivé au pouvoir, il n’a de cesse de vouloir moderniser la France en la dotant d’un réseau de chemin de fer efficace et qui dessert tout le territoire, ce qui induit aussi le développement d’une filière (la sidérurgie et les mines de charbon). Idem pour le réseau bancaire, idem pour le développement du libre-échange (le traité avec l’Angleterre de 1860 le montre). Idem encore pour son intérêt pour la classe ouvrière, par lequel il rompt nettement avec l’indifférence de la bourgeoisie orléaniste ralliée, faute de mieux, à son régime.

Et son projet pour Paris a des échos jusqu’à aujourd’hui : lorsqu’on parle de végétalisation, ne peut-on dire qu’il fut un pionnier avec les parcs de Boulogne et de Vincennes, sans compter les squares qui parsèment Paris ?

La part d’ombre

Pour autant, cet ouvrage de Gaël Nofri ne fait pas l’impasse sur les choses qui fâchent. Citons le coup d’état et ses victimes, à Paris et en province, que Napoléon III regrettera toute sa vie (mais rappelons aussi que d’autres projets de coups de force étaient dans les cartons, dont un incluant les princes d’Orléans). En politique étrangère, il réussit à remettre la France dans le jeu avec la guerre de Crimée et à jouer un rôle efficace en aidant la Roumanie à se constituer, sans compter l’unification italienne. Il tombe malheureusement sur un joueur plus malin que lui, Bismarck qui réussit à le piéger, alors qu’il est malade, en juillet 1870…

Sans être révolutionnaire, cette biographie écrit d’une plume alerte aide à restituer la complexité du personnage.

Sylvain Bonnet

Gaël Nofri, Napoléon III, préface de Jean-Paul Bled, Alpha « histoire», mai 2023, 528 pages, 12 euros

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