La vengeance de Teresa, tuer ne sert à rien

On connaît peu ici Claudio Fava, journaliste italien tenté visiblement par le roman. La Vengeance de Teresa parle d’une jeune femme, du crime et donc… de la vengeance. Alors allons-y, embarquement immédiat.

Une idée qui vient de loin

Teresa est jeune. Elle a quitté la Sicile après l’assassinat de son père. Elle vit seule. Elle a été enseignante. Mais surtout, au fond d’elle, elle veut tuer.

« L’idée de le tuer me vint soudain à l’esprit : une pensée inévitable. Au début, je ne me souvenais même pas de son nom. C’était un gars parmi tant d’autres que j’avais vu s’agiter durant les jours où ça s’était passé. Avec le temps, tout s’était délavé comme sur une vieille photo de famille. Puis le visage de cet homme se détacha et vint à ma rencontre. C’est à ce moment que j’ai pensé à lui. C’est à ce moment-là que je me suis mis en tête de le tuer. »

Teresa garde ça en tête, comme d’autres choses. En attendant, elle travaille pour un organisme qui a pour but de soulager la solitude des malades en fin de vie en les écoutant. Un jour, on l’envoie voir un ancien brigadiste, Libero Ferrari, atteint d’un cancer en phase terminale. Une étrange complicité naît entre eux. Elle le fait parler, elle comprend ce que ça fait de tuer. Ça la libère… du moins le croit-elle. Car Rosco, l’homme responsable de la mort de son père, court toujours…

Un roman âpre et sec

Court, La vengeance de Teresa est un train lancé à toute vitesse que se prend le lecteur de pleine face. On en ressort essoré et épuisé tant l’écriture est dense et les personnages prenants. Teresa est un visage de femme (qu’on imagine, la description est un peu vague) qui se met à vous hanter. C’est donc une réussite et on souhaite donc lire, à l’avenir, d’autres romans de Claudio Fava.

Sylvain Bonnet

Claudio Fava, La Vengeance de Teresa, traduit de l’italien par Eugenia Fano, Métailié, 2023, 164 pages, 18 euros

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