La longue marche des Navajos, la ballade de Joe et Jim

Du père à la fille

Les personnages de Joe Leaphorn et Jim Chee, membres de la police tribale Navajo, ont été créés par Tony Hillerman. Il en a fait les principaux protagonistes de nombre de ses romans (citons, parmi les meilleurs, Coyote attend), qui s’appuyaient sur la culture Navajo, jusqu’à sa mort en 2007. Ils ont ensuite été repris par sa fille Anne dans La Fille de Femme-Araignée et Le Rocher des ailes. Les personnages ont vieilli mais gardent tout leur intérêt, comme on va le voir avec La Longue marche des Navajos.  

Le passé fait vivre le présent  

Depuis vingt minutes, Joe Leaphorn, ancien lieutenant de la police navajo devenu détective privé lorsqu’une affaire qui lui était proposée lui agréait, tentait de ne pas s’énerver. Il aurait dû profiter de sa retraite. Peut-être s’acheter une caravane, voyager ici et là ; se mettre au bridge, s’essayer une nouvelle fois au golf Et tout cela était la faute de Louisa, l’universitaire qui partageait sa maison et qui, pendant le déjeuner avait de nouveau insisté. 

À la demande de Louisa donc, Leaphorn accepte un appel de la conservatrice du Musée Navajo. De précieux objets d’art traditionnel ont été volés, dont une robe tissée par la femme d’un des plus grands chefs des Navajos. Pendant ce temps, Jim Chee, son ancien coéquipier, et son épouse Bernie, enquêtent sur une affaire de vol et de recel de bijoux anciens. Dans les deux cas, Leaphorn et Chee trouvent des cadavres. Le mystère s’épaissit et renvoie à la longue marche des Navajos de 1864. Ce fut une véritable déportation menée par l’armée américaine qui a provoqué la mort de centaines de personnes…  

Un polar touffu et envoûtant

Sans retrouver le souffle de certains romans de son père, Anne Hillerman a le mérite de s’être beaucoup documenté sur la culture Navajo et de savoir raconter une intrigue policière qui prend son temps et refuse le spectaculaire. C’est beaucoup. L’amateur est aussi ravi de retrouver des personnages qu’il a suivi de nombreuses années.

La Longue marche des Navajos est un bon polar qui permettra de se détendre dans cette période compliquée que nous vivons.  

Sylvain Bonnet

Anne Hillerman, La Longue marche des Navajos, traduit de l’anglais par Pierre Bondil, mars 2021, Rivages, 416 pages, 22,50 eur

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