ZOC, doux et contemplatif hommage à la nature
ZOC est la première bande-dessinée de Jade Khoo, jeune artiste de 24 ans, qui a montré son talent également dans l’animation. Dargaud met à l’honneur l’originalité d’un talent déjà affirmé, et engagé au service de l’écologie et des relations entre les hommes et le monde.
Un étonnant pouvoir
Zoc est un adolescent qui traine les pieds et ce pour plusieurs raisons. Il n’est pas comme tous les autres garçons ou filles de son âge. Il est solitaire et s’interroge sur son avenir. Cependant, aucun de ses amis n’a un pareil boulet à trainer. Non ce n’est pas son frère ou sa sœur, pas non plus ses parents pour une fois ! Ses cheveux attirent l’eau qu’il traine derrière lui dès qu’il est à proximité d’une flaque d’eau, d’un lac, d’une rivière. Il lui suffit d’avancer et sa tresse de cheveux tire l’eau derrière lui sans que Zoc n’en éprouve de difficulté.
Les sinistrés d’un village voisin envahis par une inondation le contactent, une aubaine pour lui qui cherchait un travail rémunéré. Il lui suffit d’évacuer l’eau — devenue sale et pleine de détritus — vers une contrée qui en manquerait. Et voilà un curieux voyage qui se dessine devant ses yeux, avec une rencontre inattendue !
Conte psychologique et environnemental
Nous n’avons finalement pas une simple bande dessinée entre les mains. De nombreux messages sont traités dans ce conte. Les tracas de tout jeune adolescent qui se questionne sur ses difficultés à communiquer, à exprimer ses préoccupations et à grandir. Zoc, comme ses congénères et nous-mêmes à son âge, sont épris de liberté. Mais comment affronter des responsabilités d’adultes quand nous n’en n’avons pas les codes ?
Le second sujet central est l’environnement. Sous nos yeux les cataclysmes écologiques se répètent et nous sommes bien incapables de les surmonter et surtout de les limiter. Jade Khoo a inventé la solution et avec ses yeux enfantins nous délivre l’humanité qui nous fait souvent défaut. Il est facile d’idéaliser mais ne serait-ce pas une règle à s’imposer ?
On se retrouve bercé par la narration graphique de Jade Khoo qui nous fait virevolter dans un univers poétique et grave. Elle a dessiné ZOC avec des traits d’une grande douceur.
ZOC est un album réussi, comme un hommage à la contemplation de cette nature si belle qui ne nécessite pas de longues paroles.
Xavier de la Verrie
Jade Khoo, ZOC, Dargaud, mars 2022, 144 pages, 17 euros