Jean Giono au MUCEM

L’écrivain Jean Giono a fait l’objet d’une grande exposition, cet hiver, au MUCEM, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, à Marseille. S’agissant d’un peintre, on aurait pu parler d’une rétrospective, tant cette exposition, riche et documentée, faisait un tour complet de l’œuvre et de la vie de celui que beaucoup considèrent comme un des plus grands romanciers du XXe siècle. 

Le catalogue d’une exposition

Pourquoi évoquer cette manifestation puisqu’elle a fermé ses portes fin février ? Parce qu’il est toujours possible de la visiter, grâce au catalogue qui a été édité à cette occasion. Il s’agit d’un gros bouquin, intitulé simplement Giono, dont les nombreux textes, et les 250 illustrations ( !) constituent une remarquable présentation d’une œuvre aussi importante que complexe. 

Complexe aussi est la personnalité de l’homme, ce qui ressort très bien de ce catalogue. Ancien combattant de la guerre 14-18, devenu militant pacifiste, Giono fut accusé de collaboration en 1944, alors qu’il avait caché des Juifs et des réfractaires pendant cette période. Les choses s’étant ensuite apaisées, le fils du cordonnier de Manosque revint en pleine lumière avec le grand succès de ces livres, et son élection à l’Académie Goncourt. 

Portrait de Jean Giono à son bureau, 1941 © AKG Image Denise Bellon

Giono polymorphe

Sans prétendre tout dire de « sa vie, son œuvre », le catalogue fait la part belle à l’auteur lyrique autant qu’à l’historien de la bataille de Pavie ou du choléra en Provence, au chantre des bergers de la Durance, au fin psychologue de personnages hors norme, et à celui qui fut toute sa vie guidé par la lecture des grands classiques : Virgile, Faulkner, Melville, Dante, Stendhal, Cervantès…

Grâces soient rendues à Emmanuelle Lambert, commissaire avisé de cet évènement, qui a su s’entourer de belles plumes pour présenter, analyser, décortiquer, l’œuvre de Giono, aussi inspirée que disparate, féconde et plurielle. Revivent ainsi Angelo Pardi et Joffroi de la Mosson, Ennemonde et Un de Baumugnes, les cavaliers de l’orage et l’homme qui plantait des arbres, enfin tous ceux qui habitent dans ce monde parfois noir, mais souvent éclairé d’une étincelante lumière intérieure, qui est le monde enchanté de Jean Giono. 

Didier Ters

Giono, coédition Mucem / Gallimard, octobre 2019, 320 pages, 39 eur

Laisser un commentaire