Le Loup de Jean Marc Rochette
La beauté et la violence de la haute montagne célébrés
Le Loup n’est pas la suite d’Aile Froide paru en 2018, mais l’univers reste le même et l’un de ses derniers retranchements par passion. L’homme qui créa Le Transperceneige avec Jacques Lob, aime le froid glacial des cimes et après la célébration de l’alpinisme il passe cette fois à la célébration de
Il décroche son fusil et monte vers ses bêtes. La nuit est trop dense, il ne peut se diriger qu’aux beuglements de panique du troupeau »
L’humanité viendra-t-elle de l’Homme ou de l’animal ? En tout cas Rochette nous interroge avec talent.
Nous accompagnons les deux personnages forts de ce roman graphique, deux personnalités qui s’opposent et qui se traquent dans les massifs des Ecrins dans la vallée du Vénéon.
Le premier personnage s’appelle Gaspard, berger dans les montagnes et Max son fidèle chien qui l’accompagne tout au long de l’année. C’est un solitaire, car même après avoir redescendu son troupeau avant l’hiver, il reste dans sa bergerie d’altitude, seul, tout l’hiver, isolé de tous. Pour se nourrir il chasse chevreuils et isards mais il est surtout armé pour défendre son troupeau des loups qui déciment ses brebis sans défenses.
L’autre personnage n’a pas de nom, c’est un loup, ce qui est rare est sa couleur, ce qui l’est moins est qu’il se retrouve seul, orphelin, laissé à l’abandon de la nature en plein hiver sous les yeux de Gaspard qui vient de tirer et tuer sa mère protectrice.
« L’argent je m’en fous, ce que je veux c’est flinguer ce loup ! »
Voici le début et la genèse de la traque qui va s’imposer comme punition, car petit loup devient grand et sa mémoire est inquisitrice. Il fera tout pour se venger de cette solitude mais surtout de cet humain qui sans raison apparente, en tout cas à ses yeux, à tuer sa mère.
Il va traquer son troupeau et le pouchasser pour le condamner, mais celui qu’il veut réprouver est cet homme sans cœur et il va lui préparer un guet-apens.
Qui en ressortira vainqueur ?
Une fable forte en messages
Voici un brillant hommage de la part de Jean Marc Rochette aux hommes dont leur métier et l’amour est la défense de la nature comme celle de leur culture si loin des vicissitudes citadines.
La haute montagne est bien sur magnifiquement mise à l’honneur comme dans Ailefroide et témoigne de la rigueur à laquelle il est difficile de résister sans frôler la mort ou la folie.
La pureté du dessin témoigne d’une vraie connaissance des alpages, des cimes.
Je ne sais si le personnage principal est une version vieillie de son auto portrait, mais Gaspard a été très réfléchi et avec sa casquette vissée sur la tête il témoigne de beaucoup de personnalité, d’émotion, d’inquiétude mais jamais de joie car nous sommes assez loin des contes pour enfants tel Heidi.
Xavier de la Verrie
Jean-Marc Rochette (Scénariste & dessins), Le Loup, Casterman, mai 2019, 112 pages, 18 eur