Sweet Jayne Mansfield, gloire et déchéance d’un sex-symbol

Jayne Mansfield fut une star éphémère. Plus éphémère que star, d’ailleurs. Une blonde explosive (titre d’un de ses films) — même pas siliconée — plus célèbre pour son abondante poitrine que pour ses réflexions pertinentes. L’une des nombreuses concurrentes de Marilyn Monroe, sans jamais lui arriver à la cheville. 

Marilyn, c’était le modèle de Jayne, estime le scénariste Jean-Michel Dupont. Elle rêvait de devenir son égale et s’est largement inspirée de son mélange de fausse candeur et d’hyperféminité. Mais, malgré tout son potentiel, elle ne pouvait en être qu’une copie, comme la critique se plaisait à la dire. En fait, le seul point sur laquelle Jayne surclassait vraiment Marilyn, concernait son tour de poitrine. La Fox ne s’y est pas trompée quand elle l’a lancée en la surnomment « King-sized Marilyn » !

Néanmoins, contrairement à beaucoup d’autres, Jayne reste célèbre. Une poignée de ses films mérite d’être revue (personnellement, je préfère ses polars, où elle n’a pas l’espace pour basculer dans l’extravagance) mais c’est surtout en raison de ses frasques qu’elle a marqué les esprits. Sa fameuse villa rose avec une piscine en forme de cœur, son insatiable appétit pour les hommes (surtout ceux susceptibles de faire avancer sa carrière) et, surtout, sa mort accidentelle. La légende veut qu’elle fût décapitée, ce qui est faux. Néanmoins, elle mourut en s’enfonçant sous le derrière d’un camion, tout un symbole.

Une ascension trop rapide

En France, il existe peu de livres sur Mansfield. Sans doute parce qu’il n’y a pas grand-chose à dire. Mais voici qu’arrive une BD qui résume habilement la situation, c’est-à-dire son parcours.

Une route en forme de montagnes russes car, poussée par son ambition, et aidée par son pare-chocs mammaire, elle fit tout pour s’imposer à Hollywood. Rude combat dont elle sortit, momentanément vainqueur. Certes, elle disposait aussi d’un QI supérieur à la moyenne, mais n’importe quel observateur sait que l’intelligence est un handicap quand on veut devenir acteur. Jayne prit soin de la mettre de côté et ses choix de films ne dénotent pas une pertinence exceptionnelle. 

En 1956, grâce à La Blonde et moi la voilà star. Plus exactement, la voilà sex-symbol, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Elle ne combattait pas dans la catégorie des Bette Davis et autres Olivia de Haviland mais dans celle des bimbos où les prétendantes sont innombrables. Une armada de blondes plus ou moins pulpeuses débarqua sur les écrans, tant américains qu’européens et très peu firent des carrières remarquables.

Plus dure sera la chute

Le livre montre bien cette ascension et ses limites. Car c’est bien beau de grimper jusqu’à la lisière des sommets mais encore faut-il y rester. Alourdie par son QI et ses seins, Jayne ne manqua pas de dégringoler. La chute fut rude. 

Elle fit illusion grâce à quelques prestations pelliculées mais les productions dans lesquels elle se commit furent plus indigentes les unes que les autres. Elle finit dans des cabarets louches où les spectateurs éméchés attendaient qu’elle montre sa poitrine. 

Finalement, Jayne n’eut rien d’une Jane Russell — elle aussi au soutien-gorge bien fourni et, bien sûr, ne disposa jamais du charisme d’une Ava Gardner ou d’une Rita Hayworth (qui avaient l’avantage de ne pas être blondes). 

Cette chute aussi est bien développée dans cette BD qui évite de s’égarer dans les détails inutiles et se concentre sur son sujet : gloire et déchéance d’un sex-symbol.

Sweet Jayne Mansfield est une bonne approche de la carrière de Jayne. De plus agréable, car les dessins sont soignés et les couleurs bien choisies. 

On ne risque pas de tomber amoureux de Mansfield à la lecture de ce livre mais au moins le lecteur la connaîtra, donc la comprendra, mieux. 

Philippe Durant

Roberto Baldazzini et Jean-Michel Dupont, Sweet Jayne Mansfield, Glénat – 160 pages – mai 2021 – 22 eur

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