La forteresse de Tehama – Conte philosophique et initiatique de Thierry Maugenest

Après L’Odyssée d’Amos, Thierry Maugenest livre le deuxième opus des chroniques d’Ataraxia, La Forteresse du Tehama. Tout aussi inclassable, oscillant entre conte écologique et fantasy méditative, ce roman laisse songeur.

La quête des Almafortis

Après avoir vaincu et fait échouer les plans de Naxès, Amos de Slima et Ezéa d’Eraan auraient pu vivre enfin une vie douce, heureuse sans soucis en respectant les préceptes d’Ataraxia : solidarité, Connaissance, Parcimonie, Mémoire, Respect, Liberté et Découverte. Mais c’était sans compter la quête d’absolu de la jeune femme. Amos sait qu’elle va devoir partir et le quitter pour s’accomplir et devenir ce qu’elle doit être. Elle n’est pas la seule à être en quête :  Loenim de Laan, érudit, poursuit depuis des années des êtres capables de s’affranchir du temps et qui parcourent secrètement les pistes d’Ataraxia. Aidé dans sa quête de son disciple Ysmäl de Kelm, il va suivre les traces des Almafortis .

Du collectif….

 L’odyssée d’Amos présentait le fonctionnement d’un monde utopique où chaque individu a un rôle à jouer. La Terre d’en bas avait été ravagée par l’égoïsme des hommes et un conflit opposant les pays du Nord et du Sud pour le contrôle des ressources. Pour sauver l’humanité, un petit groupe d’hommes est parti colonisé Ataraxia. Pour éviter que les mêmes erreurs ne produisent les mêmes effets, des principes ont été établis pour permettre aux hommes de vivre en harmonie avec la nature. A l’instar d’une colonie de fourmis, chaque individu doit assumer sa charge de travail pour atteindre l’équilibre. Un équilibre qui avait été justement menacé par Naxès pour qui la notion de progrès était centrale.

… à l’individu

 Dans La Forteresse de Tahama, nous assistons à un changement de prisme : il ne s’agit plus de voir le fonctionnement d’un tout mais de constater l’importance de certains individus au sein de cet ensemble. Nous suivons donc la quête initiatique d’Ezéa et la recherche de la vérité de Loenim jusqu’à leur terme. Paradoxalement ces parcours individuels se heurtent aux fameux principes ataraxiens : le sentiment d’inachevé d’Ezéa, la tristesse d’Amos qui ne peut répondre à ses besoins, la curiosité insatiable de Loenim, tous ces sentiments s’opposent aux principes d’Ataraxia. Nous ne sommes donc pas loin des contes philosophiques du XVIIIe ou des romans d’aventures. Ou d’un roman fantastique… Une fois encore il reste difficile de mettre ce livre dans une case. Nous pourrions même parler d’un roman féministe : Ezéa est admirable par sa volonté d’absolu, son indépendance et sa détermination.

Mais si la forteresse de Téhama est bien le deuxième opus des chroniques d’Ataraxia, il rompt clairement avec L’Odyssée d’Amos. Le fond, l’ambiance diffèrent et le deuxième pourrait presque se lire individuellement. Séduite par l’Odyssée d’Amos, La forteresse de Tehama interroge : que vont devenir Ezéa et Amos? Quelle sera la place d’Ysmäl de Kelm, le disciple de Loenim de Laan? Assisterons- nous à une réconciliation de l’individu et du collectif dans un dernier opus? Nous le souhaitons vivement au nom des préceptes de connaissance et de découverte.

 Clio Baudonivie

Thierry Maugenest, Les chroniques d’Ataraxia tome 2 : La Forteresse de Tehama, Tohu Bohu éditions, mars 2019, 19 eur

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