Le grand médiéviste Georges Duby dans la Pléiade

L’historien Georges Duby (1919-1996) a une œuvre assez considérable pour qu’elle fasse son entrée au prestigieux catalogue de la Pléiade. Ce n’est pas le premier, Hérodote et Thucydide, les grands anciens, y figurent déjà. Mais Duby est le premier grand historien contemporain à être intronisé. Une manière de relire ses grands textes, dont l’incontournable Dimanche de Bouvines. Et de reconsidérer son apport considérable à l’historiographie contemporaine.

Georges Duby et la Nouvelle Histoire

Georges Duby est un incontournable pour tous les médiévistes. Mais aussi plus largement pour tous les historiens tant ses sujets d’étude couvrent un large champ.  Sa thèse, en 1952, donne le ton : il va se consacrer à l’étude des sociétés en France  entre le Xe et le XIIIe siècle et en explorer toutes les dimensions : économiques, sociales, idéologiques, esthétiques ou encore sexuelles.  

Proche de l’Ecole des Annales, apparue  au début des années 70, de Jacques le Goff ou encore de Pierre Nora, il est donc un des représentants de ce que l’on appelle la Nouvelle histoire. Cette dernière est tournée  vers l’histoire des mentalités, des représentations collectives  ou encore des structures mentales des sociétés. Georges Duby a participé à faire de l’histoire une science composite où tout peut être sujet d’étude : les jeunes, la cuisine, la prostitution.

Bataille de Bouvines. 27 juillet 1214. Miniatures extraite des Grandes chroniques de France (XIVe siècle). Le roi de France Philippe Auguste (à gauche) contre l’empereur germanique Otton IV de Brunswick (à droite).

Devoir de vulgarisation

En publiant les œuvres de Georges Duby, les éditions Gallimard ont mis à l’honneur un historien contemporain et voulu ainsi partager le goût de l’histoire. En cela, ils ont respecté l’esprit de celui pour qui la vulgarisation était un devoir en tant que communication du savoir. En effet, à quoi sert de savoir si on écrit pour un petit nombre d’élus. C’est d’ailleurs ce qu’oublient bon nombre d’historiens qui relatent l’histoire de manière très complexe voire pompeuse. Pour Georges Duby, vulgarisation n’était pas synonyme d’une exigence scientifique moindre ! Mais signifiait plutôt de redonner vie à l’histoire grâce à sa grande maîtrise de la langue française. Histoire et histoire se mêlent alors pour donner des succès littéraires comme  Dimanche de Bouvines  ou encore Guillaume Le Maréchal. Ses ouvrages mais aussi ses interventions à la télévision ont participé à la démocratisation de l’histoire auprès d’un public plus large.

La publication des œuvres de Georges Duby s’imposait donc surtout à une période où l’univers médiéval fascine comme le montre le succès de la série Game of throne ou encore la multiplication des fêtes médiévales.

Clio Baudonivie

Georges Duby, Oeuvres, édition de Felipe Brandi, préface de Pierre Nora, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », octobre 2019, 974 pages, 65 eur

Ce volume contient : Des sociétés médiévales. Leçon inaugurale au Collège de France prononcée le 4 décembre 1970 — Le Dimanche de Bouvines — Le Temps des cathédrales. L’art et la société (980-1420) — Les Trois Ordres ou L’imaginaire du féodalisme — Guillaume le Maréchal ou Le Meilleur Chevalier du monde — Dames du XIIe siècle I, II, III. Textes épars (1961-1996) : Histoire des mentalités — Les « Jeunes » dans la société aristocratique — Le Plaisir de l’historien — L’Art, l’écriture et l’histoire (entretien avec Pierre Nora).

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