La loi du rêveur, le monde onirique de Pennac

Un auteur culte

Ancien professeur de lettres, Daniel Pennac s’est fait connaître dans les années 80 en débutant à la Série noire avec Au bonheur des ogres en 1985 et surtout La fée Carabine, lançant la famille Malaussène et surtout l’un d’entre eux Benjamin, le bouc émissaire professionnel. Mais Pennac a aussi écrit pour la jeunesse avec la série des Kamo et même des albums de Lucky Luke. Cet auteur protéiforme, surévalué pour certains, a aussi écrit Messieurs les enfants (Gallimard, 1997), où des enfants deviennent adultes et les adultes enfants. De l’enfance, il sera aussi question dans La loi du rêveur, sorti initialement en 2020 et ici réédité chez Folio.

Voyage au bout des rêves

« Pour autant qu’on puisse dater ce genre de naissance, je suis devenu écrivain la nuit de cette conversation avec Louis. J’avais dix ans et j’affirmai à mon meilleur copain que la lumière c’est de l’eau. »

Le narrateur se souvient de son enfance avec ses parents et son meilleur ami Louis. Mais voilà que tout le monde disparaît et il les cherche… Pour se réveiller devant Louis, âgé, et la famille, très étendue avec enfants et petits-enfants. Louis l’emmène plonger à la recherche d’une église engloutie où il découvre un Saint-Sébastien de toute beauté. Mais ce n’est qu’une illusion, une de plus : le narrateur rêve et rêve sans cesse, à l’image de Federico Fellini, son metteur en scène préféré, l’homme de 8 et ½ et d’Amarcord.

« De mon côté, je revivais ma vie. Il paraît que ce n’est pas si fréquent. Mais elle ne se déroulait pas exactement comme je l’avais vécue. »

Un texte déroutant et fascinant

La loi du rêveur nécessite un effort du lecteur, c’est-à-dire de lâcher la rampe et de se laisser porter. Pennac ici nous livre un récit non linéaire, porté par les rêves et (parfois) des hallucinations qui nourrissent des ruptures de rythme narratif. Pourquoi pas ? ça fonctionne, y compris quand on a des réserves sur Fellini (mais pas sur 8 et ½). À lire donc

Sylvain Bonnet

Daniel Pennac, La loi du rêveur, Gallimard Folio, dessin de couverture de Federico Fellini, janvier 2022, 192 pages, 7,20 euros

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