La Mauvaise fortune de Thomas Shaper, Jukebox motel 1/2

Une musique tonique va vous accompagner tout au long de La Mauvaise fortune de Thomas Shaper, première partie de Jukebox motel. C’est une histoire à la fois déchirante et palpitante. Adapté du roman de Tom Graffin, Marie Duvoisin y apporte sa touche personnelle, un soupçon d’authenticité, de délicatesse et de vie.

Fuir pour exister et créer

J’ai créé mon propre style, le stick-painting. Un mélange de collages et de peinture. Je cherchais à le faire réagir ce monde… et à attirer l’œil d’un certain Andy.

Thomas Shaper n’aspire pas à reprendre l’exploitation de production de fraise de sa famille, il a des ambitions artistiques. Il s’affranchit de sa famille et de son père pour partir vivre son rêve à New York. Après avoir trouvé son style et de cruels échecs pour vivre de son art, le désespoir le mène à produire une toile bluffante qui va captiver un passant, Andy Warhol. Son manager lui achète à prix d’or et le début du succès apparait soudainement en lui commandant dix nouvelles toiles. Rempli d’espoir et d’argent, il part en Californie. Loin de son Québec natal, la vie est dure mais le hasard lui fait rencontrer Johnny Cash dans un bar. Ce dernier qui a besoin d’évasion va lui demander de trouver un « diable d’endroit » pour redécouvrir la paix intérieure. A la conquête de cette demeure qu’il trouve comme par magie, il va réhabiliter cette grange délabrée où il va désormais vivre et produire.

Mais l’inspiration ne revient pas, en tout cas les toiles ne conviennent pas au manager. Comble de malchance, la grange qu’il pensait avoir acheté n’est finalement pas vraiment la sienne… Comment va-t-il s’en sortir ?

Road movie pictural

La Mauvaise fortune de Thomas Shaper est un récit habile qui assemble des personnages réels et une critique évidente du monde de l’art, agrémenté de tiraillements familiaux douloureux. L’envie d’un artiste malmené par la dure réalité qui pourrait le pousser à l’autodestruction. Les périodes de doutes balayées par de grands bonheurs malmenés par le monde de requins auquel il doit faire face.

Marie Duvoisin réalise sa deuxième bande dessinée et réussit la performance de lui donner un ton graphique à la fois personnel et chaleureux. L’adaptation littéraire en bande dessinée n’est pas toujours aussi évidente de synthétiser un livre en quelques planches. Conçu comme un road movie cheveux au vent et sous le signe du rock, on prend plaisir à découvrir la vie d’artiste fait de descente aux enfers et de rebonds inespérés. Son dessin est joyeux, une structure des cases classique mais vivantes avec des tonalités colorées vintage.

Mai qu’on se sent bien dans la peau de Thomas Shaper !

Xavier de La Verrie

Tom Graffin (scénario), Marie Duvoisin (dessin), La Mauvaise fortune de Thomas Shaper, Jukebox motel 1/2, Grand Angle, avril 2021, 56 pages, 14,90 eur

Tom Graffin, Jukebox motel, JC Lattès, mars 2016, 312 pages, 18 eur

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