Ormeshadow, le dragon sous la terre

Une nouvelle auteure pour une collection prestigieuse  

Et voici le numéro 29 de la fameuse collection « une heure-lumière » que le Bélial consacre aux meilleures novellas de science-fiction. On a toujours à cœur de la défendre, tant pour la qualité des textes que par l’attention accordée à un format peu usité en France. Voici en tout cas une nouvelle auteure encore inconnue en France, Priya Sharma, qui a été lauréate avec Ormeshadow des prix Shirley Jackson et British fantasy en 2019 et 2020. Pour quel résultat ?  

La dragonne et l’enfant  

Gideon avait mal dormi. Lorsqu’il se réveilla, il était prisonnier de ses couvertures et les ténèbres le remplissaient de confusion. À Bath, la lumière à chaque nouvelle aube s’insinuait par les coins des rideaux. Il entendait les gens qui habitaient au-dessus de chez eux : pieds de chaise grinçant sur le parquet, tumulte des pas. Il n’était plus chez lui, il était à la ferme d’Ormesleep.

Le père de Gideon, John Belman, a dû quitter sa place de bibliothécaire auprès d’un riche noble à la suite d’un incident avec sa femme et retourner vivre dans la ferme familiale tenue par son frère Thomas. Gideon a du mal à se faire à la vie paysanne mais écoute les histoires de son père. Une dragonne serait endormie sous la falaise et la famille Belman est censée garder son trésor depuis des générations. Gideon rêve parfois de cette histoire de dragonne. Mais la réalité le rattrape : son père se suicide après une dispute avec sa mère et il est condamné à travailler la terre et à surveiller le troupeau de son oncle, qui se comporte comme un tyran avec lui. Et s’il découvrait le trésor ? Et si la dragonne se réveillait ?  

Un récit initiatique  

Ormeshadow débute comme un (court) roman d’apprentissage à la vie. Le jeune Gideon est un enfant de déclassé, vit sous la férule d’une famille où il n’a pas sa place, sans compter la relation problématique avec sa mère. Priya Sharma introduit peu à peu le fantastique à travers l’histoire de cette dragonne dont le réveil marquera brutalement le passage à l’âge adulte de Gideon.

On trouve beaucoup d’affects dans cette novella dont la conclusion pourra paraître outrancière. Mais Ormeshadow est à lire en tout cas.    

Sylvain Bonnet  

Priya Sharma, Ormeshadow, traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel, couverture d’Aurélien Police, Le Bélial, « une heure lumière », avril 2021, 176 pages, 9,90 eur

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