La nuit du faune de Romain Lucazeau, l’éternel voyage
Le retour d’un auteur attendu
La parution des deux tomes de Latium (Denoël, 2016), ambitieux space opera uchronique à base d’histoire romaine (mélange très détonnant mais réussi), a permis à Romain Lucazeau, ancien normalien et enseignant à Paris-IV, de se faire un nom comme écrivain. On attendait avec impatience un autre roman de lui et voici qu’à la rentrée de septembre est parue dans la collection Imaginaires d’Albin Michel La nuit du faune, un roman aussi étonnant que différent de Latium.
Le cycle de la vie
« Quand elle aperçut le faune, la fillette lisait. Bien assise sur son siège préféré, un vieux tronc couché, patiné par les ans, lustré et verdi par la mousse opiniâtre, elle ne l’avait pas vu s’approcher, puis s’installer à côté. »
Et voilà donc cette créature, un faune proche de l’humain et de l’animal, qui vient à la rencontre de la petite Astrée, quelque part sur la Terre. Sauf qu’Astrée n’est pas une simple fillette. Elle est la dernière représentante d’une espèce qui autrefois régné sur la planète avant d’en partir. Une histoire qui se répète d’ailleurs depuis des centaines de millions d’années. Le faune est intelligent, parle et veut comprendre vers quoi son espèce se dirige. Astrée, enfin délivrée de l’ennui qui la ronge, décide de l’emmener dans l’espace afin de lui montrer ce qui l’attend, lui et ses congénères. Une initiation qui engendrera bien des souffrances pour le malheureux faune. Et aussi bien des découvertes.
Un roman époustouflant et vertigineux
La nuit du faune secoue pas mal, ami lecteur. Ici, c’est le vertige des siècles, les défis de l’évolution et le destin de l’homme (voire du fils de l’homme) qui traversent ce roman. On pense à de grands anciens comme Olaf Stapledon et puis à L’Astrée d’Honoré d’Urfé. On sent aussi l’influence du thème de l’éternel retour des grecs ou de… la mécanique quantique dans l’univers décrit. La nuit du faune est un voyage, toujours ancré dans une certaine culture classique (un des seuls points communs avec Latium). Laissez-vous tenter par cette nouvelle odyssée…
Sylvain Bonnet
Romain Lucazeau, La nuit du faune, illustration de couverture d’Anouck Faure, Albin Michel Imaginaire, septembre 2021, 256 pages, 17,90 €