La plus précieuse des marchandises, un conte

Un couple de bûcherons vit dans la plus grande des pauvretés. Leurs conditions de vie sont telles que la femme ne peut avoir d’enfant. Pour elle c’est un drame immense, un manque dans sa vie, mais pour son mari c’est plutôt une chance : que ferait-il d’un bébé alors qu’ils n’ont pas de quoi se nourrir eux-mêmes ?

Le bois dans lequel ils travaillent est traversé par une voie de chemin de fer. Là, passe et repasse un train et sa funeste marchandise. Des hommes, des femmes, des enfants. Tous condamnés à ne sortir de ce train que les pieds devant.  

le don du train

Un jour, la pauvre bûcheronne est témoin d’un événement extraordinaire. Un petit paquet mystérieux est expulsé du train. Sans réfléchir, elle se précipite pour le récupérer. Enveloppé dans une couverture richement brodée, elle découvre le plus précieux des cadeaux. Un cadeau qui changera son existence et qu’elle protègera coûte que coûte : un nouveau-né. 

Dans un contexte de guerre mondiale, difficile de ne pas comprendre qui sont les « sans-cœurs », ces être réduits à l’état de marchandise indésirable et méprisés par une partie de la population.  

Seule la bûcheronne, dans toute sa candeur, se moque de l’origine de l’enfant : c’est un enfant. Elle ne fait pas volontairement acte de révolte ou de résistance, mais simplement de bon sens. Par ce point de vue sensible, sous la forme d’un conte très simpliste, Jean-Claude Grumberg remet les choses en perspective et démontre l’absurdité dont les hommes ont fait preuve pendant la guerre. A déshumaniser, on oublie que derrière les chiffres se cachaient des êtres humains. 

Deux histoires s’entrecroisent. Celle des condamnés, dans les trains et dans les camps, qui voient leur histoire et leurs vies réduites à néant, et celle de l’espoir, de ce petit paquet qui, par la bienveillance d’une seule personne, est la preuve qu’une autre fin est encore possible. 

La Plus précieuse des marchandises est un conte moderne et universel, celui de la haine des hommes et des naissances porteuses d’espoir. 

Agathe Di Stefano

Jean-Claude Grumberg, La Plus précieuse des marchandises, Editions Points, octobre 2020, 129 pages, 5,70 eur

Adaptation par Charles Tordjman au théâtre du jeu de paume, Aix-en-Provence, annoncée le 2 mars 2021, en tournée dès la réouverture des théâtres !

Prix spécial du jury du prix des Libraires 2019.

Prix des lecteurs L’Express/BFMTV 2019.

Lauréat de Paris du Prix littéraire des lycéens, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle 2020. 

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