Sully, le fidèle d’Henri IV

Archiviste paléographe et déjà auteur d’une thèse sur Sully, Laurent Avezou est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Les institutions de la France moderne (Armand Colin, 2014) ou L’histoire de France en 100 questions (Tallandier, 2020). Il vient de sortir en début d’année sa biographie du ministre d’Henri IV, vingt-huit ans après celle de Bernard Barbiche et Ségolène de Dainville-Barbiche. Au fond qui était Maximilien de Béthune ?

L’homme de son Roi

Loin des images d’Épinal, Laurent Avezou dresse le portrait d’un jeune noble protestant, qui échappe à la Saint Barthélémy et combat pour le parti Huguenot. Le jeune Rosny (pas encore duc de Sully) attache bientôt ses pas à ceux du jeune roi de Navarre, futur Henri IV et héritier du trône de France après la mort de François d’Alençon, frère d’Henri III. Un réformé roi de France ? Le futur Henri IV entame un long chemin vers le trône qui, après l’assassinat d’Henri III, le mènera à l’abjuration et au sacre. Et Rosny se dépense sans compter pour son maître, tant sur les champs de bataille que dans les négociations politiques. Créature (comme on dit alors) ? Vassal ? Ami ? Sans doute, fut-il un peu de tout ça pour Henri IV qu’il sert fidèlement jusqu’en 1610. N’est-il pas un des premiers à lui conseiller de se convertir au catholicisme, lui dont la foi protestante ne vacillera jamais ?

L’homme d’État

Fut-il un grand défenseur de l’agriculture, comme le dirent et les physiocrates et les républicains de la fin de la IIIe République ? Sully est avant tout un défenseur de la monarchie absolue, luttant contre certaines libertés provinciales et ne ménageant pas ses efforts pour restaurer les finances de son Roi. Henri IV avait promis bien des pensions aux chefs de la Ligue ou aux nobles protestants afin de consolider son pouvoir et la paix civile. Sully y réussit. Il réussit également à bâtir des fortifications, à améliorer les voies de communication. Sans doute préparait-il en 1610 une nouvelle guerre contre les Habsbourg en prenant prétexte l’affaire des duchés de Clèves et de Juliers : l’assassinat d’Henri IV mit fin à cette entreprise et Sully quitta ses fonctions en 1611. Sans doute crut-il longtemps pouvoir être rappelé par le jeune Louis XIII mais cela n’arriva pas. Sa légende par contre (car légende il y a) prospéra largement jusqu’à nos jours.

Très bonne biographie.

Sylvain Bonnet

Laurent Avezou, Sully, bâtisseur de la France moderne, Tallandier, février 2024, 608 pages, 26,90 euros

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