La vie sous l’Ancien Régime, portrait d’une société disparue

La spécialiste de l’Ancien Régime parle 

Actuellement rectrice de l’académie de Reims, Agnès Walch est une spécialiste de l’histoire du couple, du mariage et de la famille. On lui doit des ouvrages marquants comme La spiritualité conjugale dans le catholicisme français (Cerf, 2002), Histoire de l’adultère (Perrin, 2009) Duel pour un roi : Mme de Montespan contre Mme de Maintenon (Tallandier, 2014). Agnès Walch se propose ici, prenant la suite de Philippe Ariès, de revisiter la vie quotidienne sous l’Ancien Régime, avec un paradoxe apparent en tête : comment cette vie pouvait-elle être à la fois dure et rude pour les populations et en même temps si « douce », si on en croit les souvenirs de Talleyrand ? 

Une société rude et pourtant… 

Agnès Walch décrit très bien cette société dont nous sommes issus. La France est d’abord marquée par le catholicisme dont les rites encadrent la vie quotidienne. Il y a bien sûr la présence des protestants, dont le culte est interdit depuis la révocation de l’édit de Nantes en 1685, et quelques libertins mais ils comptent peu. De plus, la majeure partie de la population est rurale et paysanne. La vie est difficile, on se nourrit principalement de céréales et la mortalité infantile est forte…  

Cette société est aussi violente : le duel est fréquent entre nobles malgré les interdictions royales, le brigandage aussi même si l’État royal tend avec le temps à diminuer cette violence endémique… Agnès Walch démontre en tout cas au fil des pages que la majorité n’est pourtant pas malheureuse. Il y a le repos dominical, les jours chômés, les fêtes aussi. Et puis les femmes… 

La place des femmes 

Juridiquement, la femme est une mineure qui passe de la domination du père à celle du mari. Pourtant les observateurs étrangers au XVIIIe siècle sont stupéfaits de leur rôle. Dans la haute société ce sont les femmes qui tiennent des salons, comme par exemple celui de madame du Deffand, protègent les écrivains. Et elles écrivent aussi ! Les voyageurs allemands et anglais n’en reviennent pas. Les choses sont bien sûr différentes quand on descend un peu l’échelle sociale. Dans les campagnes, elles travaillent aussi dur que leurs maris, élèvent les enfants (ceux qui survivent…), prennent en main l’économie du foyer. On remarque pourtant qu’elles jouent un rôle important, beaucoup plus important qu’au XIXe siècle où le code civil de Napoléon a renforcé la domination masculine.

En tout cas la société d’Ancien Régime apparaît ici vivante, complexe, loin des caricatures léguées par certains révolutionnaires. A lire. 

Sylvain Bonnet 

Agnès Walch, La Vie sous l’Ancien Régime, Perrin, février 2020, 368 pages, 24 eur

Laisser un commentaire