Le goût du roi, la maîtresse oubliée de Louis XV
Roman historique, politique, histoire
Voici la réédition d’un livre publié en 2006 par Camille Pascal, agrégé d’histoire et haut fonctionnaire connu surtout à deux titres : il a été le conseiller de Nicolas Sarkozy puis de Jean Castex d’un côté et il écrit aussi des romans historiques (plutôt bien écrits) comme L’été des quatre rois (Plon, 2018) et La chambre des dupes (Plon, 2020). Le goût du Roi se propose de revenir sur l’histoire et le parcours d’une des maîtresses de Louis XV, Marie-Louise O’Murphy.
Un roi libertin
Louis XV, roi triste et libertin à la fois, est connu pour les « désordres » de sa vie privée. On lui connaît beaucoup de maîtresses dont les plus célèbres sont la marquise de Pompadour et la comtesse du Barry. Mais il y en a eu d’autres, surtout à l’époque de la faveur de madame de Pompadour : celle-ci régnait sur le cœur du roi mais était peu portée sur le sexe. Il y avait donc les « petites maîtresses », parfois des cousines de province de la marquise, souvent des filles sélectionnées par le valet du Roi, Lebel. Et il y eut la petite Marie-Louise O’Murphy, descendante d’une famille jacobite exilée en France (leur noblesse est douteuse) et dont les sœurs, comment dire… Disons qu’elles savaient bien se placer auprès de certains grands seigneurs.
Le règne de la petite maîtresse
Elle n’a que 15 ans et pose pour François Boucher qui la représente nue, sur un sofa qui est un appel au plaisir. Louis XV connaît ce tableau, L’odalisque blonde, on lui présente la jeune fille, ce qui arrange le clan de la Pompadour. La voilà dans le lit du Roi et installée dans une maison du Parc aux cerfs à Versailles. Marie-Louise et son emprise sur le corps du Roi deviennent, c’est beaucoup moins connu, un enjeu politique au sein d’une cour qui ne sait comment traiter ce monarque lunatique et au fond, un peu manipulateur. Après avoir donné naissance à une petite fille, Agathe, elle finit par être éloignée, victime d’intrigues entre partis et aussi parce que madame de Pompadour essaie au milieu des années 1750 de regagner les faveurs de l’église et de faire oublier des pratiques dignes de certaines maquerelles…
Une faveur plus durable qu’on ne l’a cru
On marie Marie-Louise à un jeune noble auvergnat. Voilà notre jeune diva exilée en province, loin de Versailles et de la fille qu’elle a donné au Roi. La voilà épouse… et bientôt veuve. Qu’à cela ne tienne, elle se remarie avec un vieux barbon de fermier général (l’argent et l’agiotage, la dame s’y intéresse). Elle finit par renouer surtout avec Louis XV dont elle a apparemment une autre fille, Marguerite Victoire. Camille Pascal a fait ici un remarquable travail sur les archives pour le prouver. En tout cas, notre Marie-Louise réussit à survivre à la mort de son amant, à la Révolution et meurt en 1814…
Une vie passionnante, très bien racontée et analysée par un Camille Pascal inspiré.
Sylvain Bonnet
Camille Pascal, Le Goût du roi – Louis XV et le secret du Parc-aux-cerfs, Perrin « Tempus », octobre 2022, 416 pages, 9 euros