Le grand Condé, le meilleur des princes

Journaliste à Elle ou Marie-Claire, Béatrix de L’Aulnoit a publié de nombreux livres d’histoire en collaboration avec Philippe Alexandre. On leur doit notamment Moi, Winston Churchill (Tallandier, 2017) ou une biographie de son épouse, Clementine Churchill (Tallandier, 2015). Elle publie seule cette biographie du prince de Condé, Philippe Alexandre étant décédé en 2022.

Des princes du sang

Celui qu’on appelle Le Grand Condé est issu d’une branche de la famille de Bourbon, cousine de celle qu’a engendré au final Henri IV. Le père du Grand Condé a été un temps l’héritier présomptif du Royaume, du moins avant qu’Henri IV n’épouse Marie de Médicis et n’engendre un dauphin, le futur Louis XIII. A la fin de son règne, Henri IV tombe fou amoureux de Charlotte de Montmorency et la marie à son cousin, réputé peu porté sur les femmes. Le couple fuit pourtant à Bruxelles, loin des assiduités du Vert Galant, et ne reviendra à Paris qu’après sa mort. Voilà pour les parents, couple mal assorti. Le futur Grand Condé naît en 1621. Plus intelligent que son père, il révèle surtout de grandes aptitudes pour le métier des armes. C’est lui qui remporte la victoire de Rocroi face aux Tercios espagnols, le début de la prépondérance française en Europe.

Malheureux en amour… et en politique

Seulement, ce prince va être marié contre son gré à une nièce de Richelieu, qu’il va prendre en horreur. Rien n’a pu empêcher ce mariage et le Grand Condé va perdre celle qui sera son grand Amour, Marthe du Vigean. Cette dernière s’enfermera au cloître, faisant de son amoureux transi un libertin, un peu désespéré. Si l’armée du Roi y gagne un tacticien et un meneur d’hommes, la future Fronde y gagne un adversaire… Puis un de ses meneurs. Car Condé va s’opposer à Mazarin, qu’il juge incompétent militairement. Cette biographie est d’ailleurs très hostile au cardinal italien, au point de méconnaître ses réussites diplomatiques. Condé va donc se rebeller et finir par passer au service du roi d’Espagne. Il perd pourtant chaque fois qu’il est opposé à Turenne, son ancien compagnon d’armes. Et c’est parce que Turenne est meilleur stratège, ce que ne dit pas Béatrix de L’Aulnoit. Dommage. Condé rentrera en grâce après la paix des Pyrénées et fera du château de Chantilly ce qu’il est, un monument de l’art français. La découverte, avec cette biographie, du parcours de ce prince très doué mais déconcertant fera les délices des amateurs d’histoire.

Sylvain Bonnet

Béatrix de L’Aulnoit, Le grand Condé, Tallandier, octobre 2023, pages, 23,90 euros

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