Le dernier Napoléon, l’homme enfin

Consul honoraire de France à Sainte-Hélène et conservateur des Domaines français de l’île, Michel Dancoisne-Martineau est aussi un historien de Napoléon. On lui doit un récit autobiographique, Je suis le gardien d’un tombeau vide, paru en 2017, qui avait fait un certain bruit. Ici, il se propose de revenir sur les dernières années de Napoléon à Sainte-Hélène,

Et pourquoi 1819 ?

Le livre commence en mars 1819 : pourquoi ? Napoléon reçoit avec quelques mois de retard les journaux européens. Ceux-ci relatent les décisions du congrès d’Aix-La-Chapelle entre la France et les alliés. Or le congrès a été une réussite pour la France qui obtient, grâce au duc de Richelieu (à qui Emmanuel de Waresquiel a consacré une excellente biographie qui mériterait d’être rééditée) la fin de l’occupation de son territoire. Mais, pour ce qui concerne Napoléon, les puissances européennes décident de le laisser à Sainte-Hélène. Or, l’empereur déchu espérait pouvoir revenir en Europe, en Angleterre par exemple. Condamné à rester sur ce bout du monde, toujours sous la surveillance du sinistres Hudson Lowe, Napoléon, pourtant, ne se résout pas à la mélancolie.

Un jardinier !

Pour ne pas sombrer, Napoléon choisit de vivre et de consacrer son énergie à la construction d’un jardin. Etonnant quand on songe à son génie militaire ou à sa passion du gouvernement ou même à ses expériences littéraires de jeunesse. Pendant le Consulat, il avait pris cependant beaucoup de temps à s’occuper des jardins de la Malmaison. Alors, il devient jardinier. Il refait aussi son intérieur. Se promène dans l’île. Lit beaucoup. Il réussit à faire venir deux prêtres sur l’île pour commencer à réfléchir à son salut car il se sait malade. Un médecin arrive, le célèbre Antonmarchi, et ce choix sera désastreux, on le sait… L’homme pense à la mort, à son fils qui lui manque, à ses femmes aussi. Le titan est ici devenu plus humain. Et ce livre permet de le comprendre.

Sylvain Bonnet

Michel Dancoisne-Martineau, Le dernier Napoléon 1819-1821, Passés composés, janvier 2025, 336 pages, 22 euros

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