Le Suaire, tome 2 / 3 : Turin, 1898

Le volet numéro 2 du Suaire se fait à 6 mains, 3 hommes de parcours sacrément capés : auteurs, réalisateur et dessinateur. Ils ont créé 3 personnages qui se font face, rivalisent d’audace et nous soumettent une incursion dans un récit romancé de la religion en dévoilant une nouvelle facette du grand secret du Suaire. La scène est à Turin, en 1898. Mais est-ce un album historique ou religieux ?

Scènes épiques autour de la relique sacrée, le Suaire

Etonnante histoire qui parcourt le temps autour de l’unique et prétendu Suaire du Christ, jusque-là rien d’original. Excepté que la tragédie de l’histoire prend naissance au XIV^e siècle autour de trois personnages principaux : Lucie une jeune nonne qui doit prononcer ses vœux, son cousin Henri évêque de Troyes follement amoureux d’elle et le sombre protecteur de l’Abbaye de Lirey. Le tome 2 prend place au XIX^e siècle.

« Mon père a décidé de me marier au fils du Prince d’Aoste. Je préfère mourir »

Étonnamment, car nous nous trouvons dans ce nouveau tome à la toute fin du XIX^e siècle avec les mêmes protagonistes. Ils ont changés de noms et de statuts mais sont confrontés pour d’autres raisons au Suaire et à leur descendance inconnue.

Nous sommes en Italie à l’aube d’une immense découverte qui va redonner la légitimité à une église qui a l’air d’en avoir grand besoin, eu égard à la royauté qui a grand mal à refouler les assauts de la foule qui veut sa destitution.

La photographie balbutiante va révéler l’image du Christ qui n’est que peu apparente sur le Suaire.

Déchirants désirs

Le sexe, les mensonges et la sainteté se font face dans un étrange triptyque. L’un attire l’autre, les tensions déchirent les destins et repousse les limites de l’acceptable.

Lucia fait partie de la noblesse italienne mais s’ébat en secret avec Enrico, un courtisan député socialiste en conflit ouvert avec son père. Lequel, monarchiste, n’a de cesse de vouloir redorer le blason de ses deux familles, la noblesse et sa famille papale.

Mais les vérités seront-elles révélées ?

Fantastique fresque

Oui, le dessin d’Eric Libergé sublime l’histoire, une histoire inventée ou une histoire relatée qui traverse les époques, les destins.

Une aventure qui continue à dessiner une variante de ce célèbre tissu dont on ne saura jamais la vérité, alors autant la rendre épique, sensuelle et tragique.

Une histoire en intensité monochrome qui donne l’impression d’une part d’être au ralenti et de vivre avec le drame et, d’autre part, en accéléré avec les scènes qu’ensorcèlent le puissant regard de Lucie et de Lucia.

Xavier de la Verrie

Eric Liberge (dessin) et Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (scénario), Le Suaire, tome 2 / 3, Futuropolis, septembre 2018, 17 eur