Léon Bloy, écrivain légendaire

« L’écrivain assume une fonction de discernement. Dans les ténèbres du temps, il est celui qui sait reconnaître l’ordre des véritables mérites. Il compense, par son geste symbolique, les défaillances de la société fausse. Et en récompense de son tribut, il reçoit le signe  de reconnaissance paradoxal de l’ingratitude. »

 

Cent ans après sa mort et tandis que sont publiés ses pamphlets dans la collection « Bouquins » de Robert Laffont, Emmanuel Godo, professeur de littérature, consacre un livre à celui qui a élevé la vocifération au rang de la prière : Léon Bloy (1846-1917)

 

un écrivain légendaire ?

Légendaire, pour la raison qu’il est l’écrivain de la tension, de cette tension vers Dieu qui bouleverse le monde et qui trace, à la lumière de la grâce et au travers des symboles qui la révèlent, la véritable histoire de l’humanité, par delà le temps des hommes, à des kilomètres au-dessus du quotidien dont se repaît un monde qui s’y enferme pour y disparaître sans plus reconnaître sa destinée transcendante…

 

Sûr que les mots, quand ils puisent à la source de la vérité, peuvent agir, remuent des signes invisibles, déchaînent des forces inimaginables, l’écrivain pneumatique réinscrit l’histoire passé dans son cadre légendaire pour extirper le présent de l’espace de réalité où il s’enferre. »

 

Ce passionnant essai d’Emmanuel Godo récapitule tous les grands axes bloyens : la Salette, l’argent, le riche, le pauvre, et, entre autres, l’exercice du journal, l’auto-détermination d’écrivain prophète, etc. Et s’il n’est pas à proprement parler révolutionnaire, Léon Bloy, écrivain légendaire offre néanmoins une vigoureuse introduction à l’œuvre du mendiant ingrat, du pèlerin de l’absolu, du vieux de la montagne…

 

Rémi Lélian

Emmanuel Godo, Léon Bloy, écrivain légendaire, Éditions du Cerf, septembre 2017, 352 pages, 24 euros

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