Les 100 premiers jours de Hitler, les débuts du IIIe Reich

D’autres cent jours…

Une déclaration récente du président français a remis au goût du jour l’idée des cent jours. Cela renvoie, dans l’esprit de l’amateur d’histoire, aux cent jours de Napoléon, qui se terminèrent mal, où à ceux de Roosevelt en 1933 qui lancèrent le New Deal. Ici, Peter Fritzsche s’attache à peindre les cent premiers jours d’Hitler au pouvoir pour voir comment une démocratie se métamorphosa en dictature totalitaire.

Une société prête pour le nazisme ?

Pour l’historien, il s’est longtemps agi de déterminer si le nazisme est un accident ou le résultat d’un processus de long terme. L’Allemagne de 1933 souffre d’une dépression économique avec ses cortèges de chômeurs, qui furent autant d’électeurs pour le parti nazi que pour le parti communiste. Or on comprend vite en lisant ce livre l’intensité des clivages politiques à la fin du régime de Weimar, des combats de rue entre nazis et communistes. En fait la société allemande souffre de divisions profondes, nées aussi de la défaite de 1918. La République de Weimar fut ainsi toujours attaquée à droite et à l’extrême-droite. Le choix d’Hindenburg de nommer Hitler à la chancellerie permet en tout cas l’union des nazis et des conservateurs qui permet enfin au futur chef du IIIe Reich de gagner les élections…

L’adhésion des allemands

Dès lors, le nazisme imprègne la société allemande. La vie sociale s’organise autour des discours d’Hitler et des fêtes organisées par les nazis. D’un côté l’économie se redresse, le chômage baisse (en fait, la reprise avait commencé dès l’hiver 1932-33) et de l’autre les partis sont interdits et les juifs chassés de la fonction publique. Avec le recul, c’est la facilité avec laquelle la société allemande a accepté le changement de régime, même passivement, qui frappe l’observateur. Par fatigue de la démocratie ? Parce que les nazis savaient vanter le retour d’une communauté nationale pensée comme un idéal par beaucoup d’allemands ?

En tout cas le livre de Peter Fritzsche est saisissant.

Sylvain Bonnet

Peter Fritzsche, Les 100 premiers jours de Hitler, traduit de l’anglais par Patrick Hersant, préface de Johann Chapoutot, Tallandier, mai 2023, pages, 24,90 euros

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