Kalmann, retour en Islande

On ne connaît pas encore trop en France Joachim B. Schmidt, journaliste et auteur allemand qui a choisi de vivre en Islande, patrie d’Arnaldur Indridrason. Kalmann, son quatrième roman, est le premier à être traduit dans la langue de Molière (et Manchette). Notons qu’il a obtenu le Crime Cologne Award en 2021 et espérons que ce soit de bon augure.

Un « idiot du village » embarqué dans une histoire de meurtre

« J’aurais aimé que grand-père soit avec moi. Il savait toujours quoi faire. Je trébuchais sur la plaine infinie de Melrakkslétta, affamé, épuisé, couvert de sang, à me demander ce que grand-père aurait fait. Peut-être qu’il aurait bourré sa pipe en laissant la neige recouvrir la mare de sang, regardant tranquillement pour s’assurer que personne d’autre ne la trouverait. »

Faisons connaissance ici avec Kalmann Odinsson, un jeune homme de trente-quatre ans assez original. Pécheur de requin émérite (et apprécié), Kalmann se balade dans les rues de Raufarhöfn, port islandais en déclin, en portant un chapeau de shérif et un mauser légué par son père américain qui ne l’a jamais reconnu (parce que marié aux states). Kalmann a découvert une grande tâche de sang en allant chasser le renard. Or ce sang appartient à Robert Mckenzie, l’homme le plus riche de Raufarhöfn. De plus, pour les enquêteurs, Kalmann est désormais témoin, que la télévision veut interviewer. Le pauvre Kalmann n’aime pas ça, il a toujours été différent depuis sa naissance. Il préfère de loin aller voir son grand-père qui décline doucement, ou fantasmer sur la belle lituanienne Nadja qui travaille à l’hôtel du coin. Mais la police a raison de s’intéresser à lui : Kalmann en sait beaucoup. Et se livre peu…

Un roman noir au rythme lent

Kalmann est un roman avec un tempo ralenti. Ce qui ne veut pas dire qu’il est raté mais que Joachim B. Schmidt a pris son temps pour construire une intrigue autour d’un personnage différent, décalé et qui va peu à peu nous révéler ce qui s’est réellement passé autour de la mort de Mckenzie. Le choix de la narration à la première personne nous entraîne à éprouver une certaine sympathie avec un personnage à part, solitaire et qui en a parfois bavé… et son comportement troublera lors de la révélation de l’énigme. Kalmann intrigue et c’est beaucoup.

Sylvain Bonnet

Joachim B. Schmidt, Kalmann, traduit de l’allemand par Barbara Fontaine, Gallimard « la noire », avril 2023, 368 pages, 22 euros

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