300 jours : 13 juillet 1944 – 9 mai 1945, dix mois pour en finir avec Hitler

Ancien journaliste de Valeurs actuelles, Éric Branca est aussi historien et a publié des ouvrages assez remarqués du grand public : citons le magistral L’ami américain (Perrin, 2017), De Gaulle et les Grands (Perrin, 2020), L’Aigle et le Léopard (Perrin, 2023) ou encore La République des imposteurs (Perrin, 2024). Il a choisi ici de se concentrer sur la dernière phase de la seconde guerre mondiale, ses dix derniers mois.

Une prolongation meurtrière

On l’a oublié mais à la mi-juillet 1944, les Alliés ont littéralement percé le front à l’Ouest comme à l’Est. L’opération Cobra a permis aux Américains et aux Britanniques d’encercler des dizaines milliers d’allemands ainsi que leur matériel. Même si l’armée allemande se replie et évite le désastre, le front est percé et elle ne se remettra jamais de cette défaite. Côté soviétique, l’opération Bagration permet à l’armée rouge de reconquérir la Biélorussie et de pénétrer en Pologne jusqu’aux abords de Varsovie. On croit être à Berlin avant noël : ce ne sera pas le cas. Les troupes alliées s’avancent jusqu’au Rhin mais Montgomery échoue lamentablement à Arnhem. Staline, lui, laisse les Allemands détruire Varsovie insurgée et s’avance prudemment en Roumanie où Antonescu est renversé au profit d’un gouvernement prorusse : plus de pétrole roumain pour le IIIe Reich.

Dix mois meurtriers

Et Hitler survit à l’attentat monté par Stauffenberg : mystérieuse et incroyable Baraka… c’est le moment où le IIIe Reich, acculé, se fanatise à l’extrême. En décembre, c’est aussi une offensive allemande sur les Ardennes qui fait trembler les Américains. Mais grâce au sang-froid d’Eisenhower et au sens tactique d’un Patton, le dernier sursaut allemand est contenu. Hitler comptait-il sur la mise au point d’une bombe atomique ? Un essai a vraisemblablement eu lieu sur l’île de Rügen mais le Reich a pris du retard, trop. Si à l’ouest, le front s’effondre rapidement au printemps 1945, les combats font rage à l’est, les Allemands savent ce qui les attendent en cas de victoire soviétique. On ne compte plus les suicides parmi la population civile, on ne comptera pas non plus les viols perpétrés par la soldatesque soviétique. Il n’empêche que, comme le fait remarquer Éric Branca, comme Jean Lopez avant lui, il est évident que sans les sacrifices de l’armée rouge, la Wehrmacht n’aurait pas été battue… c’est la guerre froide qui nous a fait oublier cette vérité historique.

Ouvrage très bien écrit et bien documenté.

Sylvain Bonnet

Éric Branca, 300 jours : 13 juillet 1944 – 9 mai 1945, Perrin, mars 2025, 448 pages, 24 euros

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