L’Iran et ses rivaux, un pays piégé entre nation et révolution

Un sujet brûlant

L’Iran est un pays qui ne quitte pas l’actualité depuis la révolution de 1979 et la prise d’otages à l’ambassade américaine. Car ce pays a utilisé, un peu à la manière de la Russie soviétique d’autrefois, de déstabiliser ses voisins et a utilisé l’arme du terrorisme. La question de la « normalisation » de l’Iran se pose depuis les années 90 et est loin d’être réglée. Et le dossier nucléaire et la politique iranienne en Syrie le montrent bien. Clément Therme, chercheur au CERI (Centre de recherches internationales) a réuni une équipe d’experts dans L’Iran et ses rivaux. Il s’agit de rendre compte de l’état des relations de la république islamique avec le reste du monde. Ses voisins comme la Turquie ou l’Arabie saoudite. Ses ennemis comme les États-Unis ou Israël. De grandes puissances comme la France ou la Chine et aussi avec l’Amérique latine ou l’Afrique.

Echecs et réussites

On saisit bien à la lecture de L’Iran et ses rivaux combien c’est un acteur très particulier sur la scène internationale. Ce pays, déjà une puissance régionale sous le Shah, s’est imposé comme un acteur régional majeur. À l’issue de la guerre Iran-Irak et des deux guerres du Golfe, la puissance iranienne a finalement triomphé de son voisin le plus agressif. La guerre civile en Syrie lui a permis également d’imposer avec la Russie une cotutelle sur le régime de Damas.

Pour autant, l’Iran, comme le démontre Louis Blin, en a payé le prix économique. Le PIB iranien est désormais dépassé par celui de l’Arabie saoudite et le pays a vu 800 000 personnes, souvent issues des couches les plus éduquées, quitter le pays dans les années 80. Et la rivalité avec Israël ne peut que mettre en évidence l’infériorité des forces militaires iraniennes face à Tsahal. Le conflit avec l’Amérique de Trump fait régulièrement la une des médias mais la destruction de l’avion de ligne ukrainien en début d’année et l’actuelle gestion de l’épidémie de coronavirus minent la légitimité du régime.

La conclusion de L’Iran et ses rivaux est simple : l’Iran n’a pas pu réaliser son potentiel stratégique malgré ses atouts. On souscrit.

Sylvain Bonnet

Clément Therme (sous la direction de), L’Iran et ses rivaux, Passés composés, février 2020, 220 pages, 18 eur

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