Les meurtres de Molly Southbourne, la terreur du double

Nouveau talent

Psychiatre de formation, Tade Thompson est un jeune auteur écrivant surtout des novellas et des nouvelles. Complètement inconnu jusqu’ici en France, Tade Thompson va voir un de ses romans, Rosewater, traduit ce mois-ci chez J’ai lu et Les Meurtres de Molly Southbourne chez Le Bélial. 2019 sera-t-elle l’année de Tade Thompson ? Allons-voir ce qui sort de sa caboche…

La malédiction

Je m’éveille dans un univers défini par la douleur.
J’arrive à peine à entrouvrir les yeux et mes paupières sont si gonflées que j’ai l’impression d’observer les choses depuis l’intérieur d’un hamburger. Un fluide chaud coule de mon nez, mais ça m’inquiète moins que la flaque chaude dans laquelle je baigne et semble glisser. Toutes les parties de mon corps me font mal. J’ai mal quand je respire, quand je retiens mon souffle, quand je pense. »

Quelqu’un s’éveille dans une cave, attaché. Une femme vient la nourrir de temps en temps puis lui raconte son histoire. Elle s’appelle Molly Southbourne et a grandi dans une ferme. Une enfance heureuse… Sauf que ses parents redoutent qu’elle se blesse et laisse échapper du sang. La première fois que ça arrive, Molly rencontre une jeune fille en tout point identique à elle. Elle la cache, en fait une amie, jusqu’à ce que cette fille tente de la tuer. Mais son père est le plus rapide et la supprime. Molly comprend qu’elle est capable d’engendrer des doubles à partir d’une simple goutte de son sang, une faculté qui s’apparente à une malédiction. Et ces doubles rêvent de la supprimer….

Dès qu’elle a ses premières règles, les meurtres deviennent mensuels. Cela n’empêche pas Molly de tomber amoureuse et de partir à la fac. Mais pourquoi est-elle comme cela ? Qu’est-ce qui l’a rendu différente ?

Un récit glaçant et enthousiasmant

On a affaire avec Les Meurtres de Molly Southbourne à un récit mélangeant avec habileté science-fiction (car l’origine de la « maladie » de Molly a une base rationnelle) et terreur (se tuer régulièrement a quelque chose d’effrayant). Le monde où évolue Molly est un monde où les enfants sont devenus une denrée rare, un peu comme dans Les Hommes dénaturés de Nancy Kress, quelque chose au final d’assez angoissant. Tade Thompson maîtrise très bien la technique de la novella et nous amène progressivement vers la chute, distillant les révélations avec un art consommé qui confine à la perversité ! Pour une première publication, cet auteur frappe fort. Excellente histoire.

Sylvain Bonnet

Tade Thomson, Les Meurtres de Molly Southbourne, traduit de l’anglais par Jean-Daniel Brèque, illustration de couverture d’Aurélien Police, Le Bélial, avril 2019, 140 pages, 9,90 eur

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