L’Abolition, le combat de Robert Badinter

Un combat qui a changé l’histoire de France

Marie Gloris Bardiaux-Vaïente, indéfectible féministe et docteur en Histoire, s’allie à un dessinateur tombé dans la marmite des fanzines bretons, Malo Kerfriden, pour raconter l’histoire d’un des plus grands combats judiciaires du XXe siècle. L’Abolition, le combat de Robert Badinter retrace toute l’histoire moderne de la peine capitale, de la possible grande dernière erreur judiciaire et du combat d’un homme contre la barbarie.

« La France a peur, chaque mère, chaque père, à la gorge nouée quand il pense à ce qu’il s’est passé à Troyes »

Robert Badinter, grand avocat, est avant tout un humaniste, et subir dans sa carrière l’exécution capitale de son client relève autant de la traitrise que de l’infamie.

Sa mission : défendre les victimes tout comme les assassins car chacun a droit à se défendre, être défendu et expliquer même l’indéfendable comme le meurtre d’un enfant.

Son combat sera d’abolir cette sentence capitale. Il y parviendra sous la présidence de François Mitterand, lui-même farouchement opposé à ce crime d’état. Oui, car c’est ce que met en lumière cette histoire relatée en image, l’Etat français cautionne la décapitation depuis bien trop longtemps et se doit, comme de nombreux autres pays civilisés l’ont fait, d’éradiquer la peine de mort de notre constitution.

Mais Monsieur le Président par pitié ne suivez pas l’échafaud électoral »

Et même si en 1970, 63 % des français sont pour la peine capitale, le Président Pompidou suivra les sondages car pour lui « le droit de grâce n’est pas un cadeau que l’on fait au chef de l’Etat ».

Marie Gloris Bardiaux-Vaïente retrace l’histoire qui a fait frissonner la France dans les années 70, Patrick Henry kidnappe le jeune Philippe pour une rançon et le tuera.

« Ce n’est pas cette crapule que je dois défendre, mais c’est la sanction capitale que je dois éradiquer »

Robert Badinter prendra appui sur ce procès en ne faisant pas la plaidoirie de la défense mais le procès de la peine de mort, qui sera finalement abolie en 1981.

La très belle couverture met graphiquement en scène le combat d’un homme au mépris du danger et de son impopularité. Robert Badinter restera dans l’histoire comme l’immense avocat des droits humains.

La mise en scène émouvante avec des flashs back de sa condition juive pendant la Deuxième Guerre mondiale permet de mieux comprendre sa relation avec la peine capitale et sa vocation à la destituer.

Si les dessins des différents protagonistes ne sont pas vraiment ressemblants, leurs expressions font bien resurgir tous les tenants et aboutissants de cette période à la fois noire et, finalement, réconfortante.

Xavier de la Verrie

Marie Gloris Bardiaux-Vaïente (scénario) & Malo Kerfriden (dessin), L’Abolition, Le combat de Robert Badinter, février 2019, 128 pages, 17,50 eur

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