Red River Seven, thriller post-apocalyptique
Anthony Ryan est l’auteur de la saga à succès Blood song. Quittant l’heroic Fantasy qui a fait sa renommée, il mixe avec talent les codes du thriller, de la science-fiction post-apocalyptique et de l’horreur dans le très réussi Red River Seven.
sept âmes perdues
Un bruit violent le réveille. Il est sur un bateau, le crâne rasé, les cicatrices d’une opération récente, le nom d’un écrivain tatoué sur le bras. Le bruit, c’est un homme à côté de lui qui vient de se suicider. Cinq autres individus qui ont subi le même traitement que lui se trouvent sur le bateau qui navigue en pilote automatique, dans une sorte de brouillard étrange, vers une destination inconnue…
L’inconnu, c’est aussi le lot de chacun, d’abord pour lui-même. L’opération a très certainement shunté leur mémoire, ne leur laissant que les restes de leurs métiers et une mémoire procédurale. Ils seraient là, réunis chacun en raison d’un talent particulier, pour une mission d’importance. Ou un test ? Sont-ils des soldats ou des cobayes ? Quoi qu’il en soit, ils doivent progression dans un monde qui se révèle de plus en plus hostile. Quelle est leur mission ? et d’où proviennent ces cris qui percent le silence pesant ?
Remonter la source du mal
Le bateau progresse au fil des épreuves de plus en plus complexes. Et l’angoisse monte. Plus le monde se découvre tel qu’il est devenu, dans les décombres du nôtre, plus les personnages pensent comprendre, plus le lecteur est pris. L’ambiance fin du monde n’est pas directement assénée, on y progresse comme à travers ce brouillard de guerre propre aux jeux vidéo, comme la progression par niveau de difficulté croissant. Quant au boss final… C’est déroutant et brillant dans une construction pourtant très linéaire (un bateau remonte l’embouchure d’un fleuve…).
La force de Red River Seven est son style immersif. Le lecteur découvre avec les personnages ce dont ils se souviennent, ce qu’ils découvrent, et ce que le monde est devenu. Et le final nous montrera qu’on n’aura, comme eux, pas compris grand chose… En plus du côté cinématographique et des références qui viennent vite à l’esprit — Apocalypse now, The Thing, Alien, —, les personnages en lutte pour devenir eux-mêmes, et le final grandiose, forment une très belle allégorie de l’humanité dans ce qu’elle peut avoir d’inexorable, et de belle. De l’émotion, de l’action, du doute, de l’intelligence, la garantie de frissons et d’interrogations : Red River Seven a tout !
Loïc Di Stefano
Anthony Ryan, Red River Seven, traduit de l’anglais par Frédéric Le Berre, Bragelonne, octobre 2023, 285 pages, 20 euros