Les mots perdus

Amoureux du beau, des mots et de la délicatesse, Les Mots perdus est pour vous ! Il n’y a rien que plus beau que des mots illustrés, Les mots perdus offrent non seulement les deux mais aussi toute la poésie et l’émotion de vibrer au son des oiseaux. Pas de bande sonore, mais à chaque nouvelle page son âme divague et s’enflamme.

Vingt mots, pas un de plus

Lierre est mon nom, et j’en suis fier. Infatigable voyageur, cascadeur, monte en l’air. Exfiltré par l’écorce et la pierre je pénètre, Rampe, écaille l’arbre, rase les murs. Et tu m’appelles encore couvre-sol ? je suis un céleste fil de fer, et j’en suis fier. 

Un abécédaire de vingt mots qui commence par alouette et finit par vipère.

Pas moins de six doubles immenses pages dévoilent chaque mot. Chaque mot dévoile un oiseau, une herbe, un fruit, une fleur. Des termes qui sont entourés de dessins, de peintures, autant d’écrin pour les mettre à l’honneur, sur un piédestal. Ces reines et rois d’un jour sont couronnées d’un texte poétique de l’auteur. Quelques phrases suffisent pour faire corps avec le lierre, le martin pécheur ou encore la bruyère.

des grains de poussières dans un dictionnaire

Robert Macfarlane est parti de sa stupéfaction de voir disparaitre des mots dans le dictionnaire pour enfants The Oxford Junior Dictionary, remplacé par d’autres plus contemporains. La simplicité et le naturel évincé par l’argot, le digital ou d’autres mots du quotidien. En tout cas des mots d’apparence simples, voire désuets, sacrifiés comme autant de races d’animaux éteints par la sauvagerie humaine.

Un choix de mots qui vont vous paraitre élémentaires, des grains de poussières dans un dictionnaire.

Les adeptes d’haïku ou de poésie y trouveront des sources d’étonnement, de satisfaction ou encore d’inspiration. Le travail de traduction n’est jamais aisé, la justesse du sens et des mots ont l’air d’être extrêmement bien choisis, en tout cas reflètent l’esprit de l’auteur.

Et pour finir un grand bravo. D’une part à l’éditeur Les Arènes qui a adapté pour la France ce très bel ouvrage et conçu cette très belle finition en conservant ce grand format anglais. D’autres part et surtout à l’illustratrice Jackie Morris qui nous émerveille de ses créations et ce pour plusieurs raisons. Pour illustrer les six pages de chaque mot, elle les a mis en scène avec espièglerie et ingéniosité. Ensuite elle a créée des peintures et dessins qui pourraient s’assimiler à des tableaux de Buffon en tout cas lui rendre hommage de la plus belle façon. Elle a utilisée différentes techniques comme le collage, la dorure… Une vraie réussite pour les yeux et le plaisir de lire. A offrir, à lire et à regarder.

On rêverait d’une suite mais ce n’est surement pas souhaitable, un nouveau signal de mots en perdition…

Xavier de La Verrie

Robert Macfarlane (auteur), Jackie Morris (illustration), Seymourina Cruse (traduction et adaptation), Les Mots perdus, Les Arènes, septembre 2020, 128 pages, 19 eur

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