Michel Lebris, Pour l’amour des livres

Michel Le Bris n’a plus rien à prouver, après une vie consacrée à la littérature et au journalisme. Il y a plus de quarante ans de cela il y fit une entrée remarquée avec L’Homme aux semelles de vent, puis ses romans et ses essais lui valurent un grand prix de l’Académie française pour l’ensemble de ses œuvres. 

un cri d’amour

La dernière en date s’affiche avec ce beau titre Pour l’amour des livres. Il s’agit d’un heureux mélange d’autobiographie et de commentaires littéraires, de citations poétiques et de cris d’amour, voire de reconnaissance, pour ce que lui ont donné tous les bouquins qu’il dévore depuis qu’il sait lire. Et pas seulement les livres ; prenons l’exemple de sa grand-mère : « Je garde le souvenir d’un paradis noyé de fleurs, nourri de tout l’amour qu’elle pouvait donner. Elle me sauva comme me sauvèrent les livres ». 

Michel Le Bris est néanmoins un personnage un peu déroutant. Comment ce Breton bretonnant, grande gueule de la gauche prolétarienne, fut l’ardent combattant de La Cause du Peuple, avant de devenir ce vieux romantique qui s’émeut en relisant Melville, Victor Hugo, Jack London ou Corto Maltese ?… 

Nul ne lui en fera reproche car ses choix sont les bons. « Les bibliothèques, de celle d’Alexandrie à la mienne, plus modeste, rendent fou, c’est affaire entendue », confie-t-il comme pour s’excuser de cet amour immodéré, formidablement attachant, qui le lie aux livres, ou plutôt, au Livre. Et qui habite chaque page. 

L’homme-livres

Tel est l’homme capable d’écrire pour Rock et Folk et pour le Magazine littéraire, de célébrer à la fois Chateaubriand et Maurice Clavel, de rendre hommage aux grands noms de la littérature anglo-saxonne (Conrad, Poe, Curwood, et surtout Stevenson), et en même temps aux romans feuilletons les plus délirants du XIXe siècle….

Tous les livres donc, avec le même regard reconnaissant, notamment ceux de l’enfance, comme La Guerre du feu, dont les héros le hantent toujours. L’accompagne aussi le souvenir de ses vieux maitres de la Bretagne d’après guerre, « monsieur Andrieu » et « monsieur Rospars, qui ne sont pas étrangers à la soif de lecture de leur élève, ni à son entrée à HEC. 

« J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement » écrit-il, et cette confession parait des plus sincères. Ce qu’il raconte de sa vie, tant parisienne auprès des « gens de lettres » que provinciale, avec les vignerons du Midi, le parait tout autant. De sorte que ce bouquin respire un charme, une sensibilité, une authenticité, particulièrement recommandables. 

Didier Ters

Michel Le Bris, Pour l’amour des livres, Points, mai 2020, 250 pages 7,30 eur

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